À Geno N.
Tout étant en ligne de nos jours et n’ayant pas su garder la mienne - l’ai-je jamais eue ?! - je tire à la ligne, sans la mordre, préférant la « kiffer » que la « sniffer », quand je n’en peux plus d’en corriger à des gens qui s’en font une comme on montait, jadis, en ligne. « Eh, la maligne, vous me ferez 100 lignes,… en les espaçant, S.V.P. ! » C’est ma façon à moi, l’espace d’une grigne, d’être en ligne avec ce monde longiligne qui n’a plus le temps d’aller, ou mieux de retourner à la ligne, lui préférant la magie de l’image. Anagramme parfait !
Pilote de ligne rectiligne, je soigne cette ligne-là car elle m’est un horizon, mais droite comme un i grâce au tire-ligne, une ligne de fuite, plus directrice que d’autres puisqu’elle est à suivre, plus chère à mon cœur que la ligne bleue et curviligne des Vosges que nos aïeux ont si longtemps eue en ligne de mire pour toute ligne politique. Foin de ligne de vie, fi de ligne de cœur, la seule ligne à suivre est celle qui vous permet de lire entre les lignes de notre monde insigne, celle qui perce les lignes de notre société indigne de la première à la dernière ligne, et à laquelle je ne suis pas, dans les grandes lignes, payé car elle n’est pas en ligne de compte quoi qu’on lui conte. Pourtant je refuse de sauter une ligne et tous les matins, pour ne pas chavirer, je me mets en ligne, moi et ma vie toute en guignes, avec mes pensées brévilignes et mes bénignes colères en interlignes, quitte à me tromper sur toute la ligne avec les signes que j’y consigne. Ainsi, digne comme une cité des Alpes-de-Haute-Provence, je trace ma vie comme on trace une ligne, appâtée au pâté et empâtée de pattes de mouche, en causant en mots des maux de ces heures qui nous bignent et graffignent du ventre de nos mères à celui de la Terre.
Oui, je combats en ligne et en lignes qui trépignent. C’est pourquoi bien qu’elle ne vaille pas une pigne, je soigne ma ligne, de flottaison s’entend l’autre ayant sombré, fut-elle médiane, il y a longtemps avant d’avoir été rectifiée sur toute la ligne. Avec de telles courbes, ma ligne qui n’a rien d’aérienne, quoiqu’elle se veuille légère, est souvent à haute tension - jamais coupée ni en dérangement, toujours occupée à bretter plus qu’à donner - car les jours qui passent et nous rassemblent, l’électrifient de ma colère. C’est ma ligne de conduite, une ligne de prime abord blanche comme la feuille du même nom où je me dépasse et m’épanche car j’essuie, ligne originale en rien copiée, qui ne se laisse pas franchir comme cela, soit-elle pointillée ou discontinue. Noircie sans jambages, je la partage volontiers avec qui aime à mouiller sa propre ligne dans les eaux des mots et vermeils. Et hors ces eaux-là, point à la ligne et vin de la vigne, car voilà que vient enfin, lourd comme un cygne à l’envol, le terme de mon linéaire propos, la ligne d’arrivée des lignes que j’ai amorcées plus haut… en droite ligne !
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