Petite fable affable
« En route, mauvaise troupe ! »
Chantait madame écureuil
Toute queue dressée en houppe,
À ses petits sur l’écueil
D’un rocher faisant fauteuil,
Proche d’un rucher qu’un groupe
De gros frelons fait cercueil.
Mais l’un des petiots traîne,
Baguenaude en canopée,
Musse en feuillée souveraine
Et perd ses pairs. Quel loupé !
Maman en perdra souper
Et sommeil d’une déveine
Pareille. Non d’un toupet !
Notre égaré sent noisettes
Et noix qu’homme de bien,
Un berger sans sa Lisette,
Broie sur la pierre au moyen
D’un caillou pour son chien.
La patte en épuisette,
Il s’approche l’air de rien.
L’homme, comme en obole,
Lui tend au creux de sa main
Des fruits que ce rocambole
Saisit, grignote, gamin
Sans fuir loin de l’humain
Qui recule sa main. Guibole
Tendue, en un tournemain,
L’animal dévore noisettes
Et noix. Mais bien avant
Qu’il ne finisse, risette
Au bec, le pâtre du vent
Prend l’idée, c’est pas savant,
De reculer sans jasette
Sa main encore. Énervant.
L’écureuil se tend, image
Vivante d’un vrai pont
Entre tronc et doigts. La rage
Au cœur il voit ses bonbons
S’éloigner et, sans un bond,
Se tend encore. Courage !
Las, il tombe. Furibond.
Notre berger en rigole
Et dit à cet imprudent
Gourmand à faire pergola :
« Et voilà comment ses dents
On casse. Ah, quel service
Je te rends là, mon neveu :
Qui prend l’autre par ses vices
En fera tout ce qu’il veut ! »
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