Petite fable affable
Dans le fort des bois, une communauté
Vivait, coupée des laïcs et des athées.
On s’y s’ennuyait comme, hélas, c’est d’usage
Chez les clercs qui ont toujours trouvé le soc
Plus suant que le froc, et là c’est fort sage,
Ce même froc-là moins tuant que l’estoc.
Ces tonsurés, sans fin, méprisaient le monde
Qui n’est qu’agaceries où fripons immondes
Dupent, à satiété, sots ignorants
Faisant foule grossière et ridicule,
Bref populacière, tous gens écœurants
Plus bêtes, rustres et brutes d’animalcules.
Or nos bons moines s’étaient, eux, assemblés
Sans se connaître, ne sachant s’attabler
Et vivre ensemble que sans s’aimer. Leur sphère
À dire vrai, formait une compagnie
D’occupés à peu faire et surtout mal faire
Pris dans de lents fers, règle de l’abbaye,
Où ils vivaient dans le pire à les ouïr
Au point qu’ils mouraient sans se regretter. Dame,
Cela paraît dantesque aux yeux du Vidame,
Mais nos fainéants sacrés, qu’à l’envie moquent
De grands mystiques autrement plus oisifs qu’eux,
Sont des pleureux ne manquant en triste époque
De rien quand la verte faim tue les gueux.
Or il advint en leur moinerie, à l’automne,
Aux jours où voir un vivant dehors étonne,
Qu'un coquelet, bête de cour, et un paon,
Peste de Cour, partis tous deux au diable
Et s’étant rencontrés, en bon sacripants
Dans quelques vaux verts rendus inoubliables.
Voyageaient de compagnie depuis
Ne se séparant de jour ni de nuit.
Pour eux la vie n’était que joie en partage
Agapes, espiègleries et bon tours.
Vite, ils mirent le saint lieu au carnage
Par jeux à leur façon et sans nul détour.
Le Père Abbé insondable, inaccessible
Et dédaigneux comme l’est un fils de Bible,
Les fit donc saisir et par devant lui
Présenter. Entre deux moqueries et trois rires,
Il argua qu’a parfois raison celui
Qui parle mais toujours tort, il va sans dire,
Celui qui se tait. C’est philosophie,
Tenant à peu de mots et offrant grand profit
Car, pour sûr, elle n’était démentie, elle,
Que par la foi non les faits à son avis,
Une phrase résumant tout, sans ficelle :
« Retourner à l’envie, c’est revenir à la vie ! »
Vivait, coupée des laïcs et des athées.
On s’y s’ennuyait comme, hélas, c’est d’usage
Chez les clercs qui ont toujours trouvé le soc
Plus suant que le froc, et là c’est fort sage,
Ce même froc-là moins tuant que l’estoc.
Ces tonsurés, sans fin, méprisaient le monde
Qui n’est qu’agaceries où fripons immondes
Dupent, à satiété, sots ignorants
Faisant foule grossière et ridicule,
Bref populacière, tous gens écœurants
Plus bêtes, rustres et brutes d’animalcules.
Or nos bons moines s’étaient, eux, assemblés
Sans se connaître, ne sachant s’attabler
Et vivre ensemble que sans s’aimer. Leur sphère
À dire vrai, formait une compagnie
D’occupés à peu faire et surtout mal faire
Pris dans de lents fers, règle de l’abbaye,
Où ils vivaient dans le pire à les ouïr
Au point qu’ils mouraient sans se regretter. Dame,
Cela paraît dantesque aux yeux du Vidame,
Mais nos fainéants sacrés, qu’à l’envie moquent
De grands mystiques autrement plus oisifs qu’eux,
Sont des pleureux ne manquant en triste époque
De rien quand la verte faim tue les gueux.
Or il advint en leur moinerie, à l’automne,
Aux jours où voir un vivant dehors étonne,
Qu'un coquelet, bête de cour, et un paon,
Peste de Cour, partis tous deux au diable
Et s’étant rencontrés, en bon sacripants
Dans quelques vaux verts rendus inoubliables.
Voyageaient de compagnie depuis
Ne se séparant de jour ni de nuit.
Pour eux la vie n’était que joie en partage
Agapes, espiègleries et bon tours.
Vite, ils mirent le saint lieu au carnage
Par jeux à leur façon et sans nul détour.
Le Père Abbé insondable, inaccessible
Et dédaigneux comme l’est un fils de Bible,
Les fit donc saisir et par devant lui
Présenter. Entre deux moqueries et trois rires,
Il argua qu’a parfois raison celui
Qui parle mais toujours tort, il va sans dire,
Celui qui se tait. C’est philosophie,
Tenant à peu de mots et offrant grand profit
Car, pour sûr, elle n’était démentie, elle,
Que par la foi non les faits à son avis,
Une phrase résumant tout, sans ficelle :
« Retourner à l’envie, c’est revenir à la vie ! »
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