D’après Michel de Montaigne (De l’exercitation, Essais, II, 6)
Les sens engourdis, je gis là, comme un mourant,
Frappé par ce suppôt de maréchal-ferrant
Qui m’a visé les tempes.
Mais quoique fort brouillés, ils s'accrochent à la vie.
Cependant c’est sans goût. Et sans réelle envie.
Prêts à lâcher la rampe.
Au long d’un temps soudain plus lent, mais sans ennui,
J’ai l’impression d’être plus proche de la nuit
Que de la vie, me semble.
Sans prou d'apitoiement. Mon âme, veilleur
Fatigué, flotte jà vers un meilleur ailleurs.
Pourtant, point je n’en tremble.
Ma vie ne me paraît plus retenue qu’au bout
De mes lèvres muettes et de mon cœur de boue
Qui trop lentement cogne.
Mon esprit s'enfuit au coin du vide voilé
De mon regard vieux, qui vous paraît en allé.
.Je ferme les yeux. Grogne.
Je prends plaisir, oui da, à me laisser aller.
À m’alanguir ainsi. Tout faible et affalé.
Dans le sommeil, je glisse.
Une fuite sans rêve. Un départ en douceur.
C’en est presque un délice…
Je me laisse couler vers l’inconnu qu’on sait
Nous attendre et, sûr, auquel on ne veut penser.
Songe presque agréable.
Ce serait une mort heureuse. Sans mentir.
Des moins pénibles aussi. Ah, m’anéantir
Sans dol, c’est incroyable !
Je viens à reprendre enfin quelques forces. Hélas.
On croit à un miracle… On me voit en Atlas…
Je regagne la rive
Du jour… Je n’en sentis que douleurs de martyr…
J’en fus si malade que je pensais mourir
Mais d’une mort… plus vive !
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