Petite fable affable
Le roi Glouton avait pour grand ministre
Raton laveur qui n’était un cuistre
Mais qu’il prenait, hélas, pour un bouffon ;
Ceux qui règnent avec mépris ainsi font.
Un jour, il fallu renflouer les caisses
D’un État fort mis à mal par la laisse
Des courtisans et, pis, encore à court
À cause des vieux singes bien en cour.
Glouton voulut contributions nouvelles
Affectant favelles et gens de javelles.
« Sire, ne viens pas vous féliciter.
Votre édit est une incongruité !
Fit le rongeur affidé d’un air sinistre.
Avez-vous bien regardé nos registres ?
Qu’avons-nous à gagner à ponctionner
Nos bons retraités désillusionnés,
Les moins favorisés, les plus malades,…
Pour panser le Trésor qu’a la pelade !
- C’est que ceux-là sont bien moins redoutables
Qu’enragés ne songeant qu’à l'abordage
Des sentiers ; avec barricades parfois.
Bien que pour les calmer j’ai moults perdreaux ,
Maints corbeaux sachant contrer leurs haros.
- Jusqu’à ce que ces ballots, las, comprennent
Que tes vouloirs à eux aussi s’en prennent !
- Et puis, tes vieillards vont bientôt crever
Pourquoi donc de les spolier se priver ?
Si ces inutiles courent à l’émeute,
Je lâcherai sur eux mes hordes et meutes :
Les petits et les insignifiants,
Jamais ne seront bien terrifiants !
- Tu es, certes, leur seigneur et leur maître,
Sois leur “saigneur”, tu te feras démettre.
Tous ces faibles, tu les veux miséreux ;
N’oublie jamais : ce sont les plus nombreux ! »
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