Petite fable affable
La forêt est vierge, sombre tant elle est dense
Même en groupe ça n’a rien d’un parquet de danse !
Le guide est formel : « Nous ne pourrons traverser :
Il y a piranhas dans cette eau plus qu’assez
Pour nous dévorer crus. Voyez-les jà qui tournent…
À moins qu’un brave courageux ne les détourne
Il nous faut rebrousser sur des lieues le chemin,
Sans savoir quel danger, las, nous viendra demain.
Ah si seulement se trouvait un téméraire
Parmi vous pour ces monstres voraces distraire ! »
Soudain, là, on entendit un énorme plouf
Suivi de cris de crainte et puis du grand barouf
Que ferait un nageur novice que noyade
Guette ou, dans ce cas-là, une infâme brouillade.
Le reste du groupe put traverser un cours
D’eau dont les cerbères voulaient faire la cour
Au valeureux qui les battit de peu à la course
Et gagna l’autre rive au bout de ses ressources.
Le guide félicita ce casse-cou d’avoir
Osé se jeter à l’eau sans mie s’émouvoir
D’un danger si mortel pour le seul bien du groupe.
Et on célébra sa bravoure tant et plus
Avant qu’il ne puisse dire, l’olibrius.
« Moi, je n’a pas plongé ; on m’a poussé, par contre
Car jamais je n’aurais abîmé cette montre ! »
Stupeur générale. Son épouse alors prit
Et dit, comme en s’excuse, à son mari surpris :
« Derrière toutes les réussites d’un homme
Se cache le vouloir une femme, bonhomme ! »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire