Petite fable affable
Une vieille chèvre adorant paraître,
Discréditait fort sa semblable au pré,
Ses ans lui donnant des dents et des lettres,…
Elle coquina, virée de vesprée,
Avec un bouc, Narcisse de parterre,
Un vrai cuistre et un velléitaire.
Ils parlaient pourtant plus qu’ils n’agissaient,
Vantant leurs vertus et leurs compétences
À qui les écoutait, et glapissaient,
Crachant fort sur qui n’avait pas leur chance
D’avoir leur fol talent pour les libelles ;
Car ces courtisans jouaient les rebelles…
Ces deux-là, que rongeait la même rage,
Et que la jalousie faisait jaser,
Décernaient, surtout le bouc, un Grand sage
Mais ingrat, sentencieux à en raser,
Le Prix du Beauf’, l’Oscar de l’Incapable
À qui ne leur était pas agréable ;
Surtout si tout le troupeau réprouvait
Le con primé, sacrifié à la foule.
En mots cyniques et durs qui défoulent,
Fort doués à l’art scénique, ils savaient
S’acharner sans rien laisser en paraître,
Le mépris étant, las, leur façon d’être.
Eux qui, toujours, ne parlaient que de faire,
Crachaient aussi sur tous ceux qui faisaient
Et comme ils savaient comment bien mieux faire,
Ils éreintaient qui créait, s’épuisait,…
Mais, bouffons bouffis du bec, ces deux brutes,
Avec force salamalecs, hirsutes,
Encensaient qui ils morguaient à couvert,
Leur berger, et obtenaient son estime,
Et sa compassion passant pour victimes
De ceux qui, leur jeu, avaient découverts :
Tous les coups étaient permis : pour eux, corne
Ou sabot étaient, dia, les plus mornes !
N’ayant de relations qu’êtres “utiles”,
Nos deux caprins, roués et capricieux,
Menèrent vite et bien les plus futiles
De leur troupeau, avec l’aide des Cieux,
À picanier, malmener,… toute bête
Qui, devant eux, ne baissait pas la tête,
Ne voulait marcher le pas dans leurs pas
Ou leur faisait tout simplement de l’ombre.
Cela fit parias et boiteux en nombre.
Et le chevrier, loin de sa pampa,
Les répudia sans voir ni comprendre
Que le jouaient ces deux têtes à fendre.
Quoi qu’on fasse ou dise, le monde oscille
Las, entre ceux qui disent et ceux qui font,
Mais c’est sur les premiers que les imbéciles
Et vos supérieurs font toujours leur fonds !
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