Petite fable affable d’après deux vers de David Di Paolo
Deux rongeurs dont partout l’espèce abonde
Débattaient prou et refaisaient le monde.
Prisonniers des idées de l’air du temps,
Et bornés par des craintes de longtemps,
Ils devisaient, ainsi, se croyant libres,
Bernés par les croyances nées du Livre.
« Nous sommes bien trop nombreux, mon ami !
Nos garennes, halliers et guérêts nourrissent
À grand peine nos fils et, infamie,
Les envahissent mendiants qui pourrissent
Tout de leur seule venue ou profiteurs
Arrivés d’ailleurs en oiseaux de malheur.
- Nous ne devrions accorder victuaille
Qu’à nos hases et aux fruits de leurs entrailles ;
Surtout à qui a quelque utilité
Au bien commun, sinon vient la disette
Et bientôt de famine habités,
Les nôtres ne vaudront plus tripette ! »
Conseil pris. Conseils donnés. On traqua
Les bouches inutiles. Surnuméraires.
Danger pour tous. Pour chacun tracas.
On élimina ainsi les excédentaires :
Les pas lapins, les très mous et prou lents
Puis les pas d’ici et, pis, les croulants…
Nos bons causeurs furent les dernières
Victimes des guerres buissonnières
Qui firent d’Eden un aride désert
Là où une race s'ébattait sans dilemme.
Chez toute espèce, les plus grands diserts
Voient et posent, souvent, bien des problèmes…
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