Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

jeudi 1 février 2018

« PETIT POISSON DEVIENDRA GLAND…

Édito pour RuedesFables pour décembre 2017

Pourvu qu’au mieux m’en prenne envie » ! Mais voilà, par cette froidure d’automne où, moi qui en fais pas des tonnes et chantonne, je m’écaille les miches au-dessous d’arbres qui chatonnent déjà, et notre art poétique, même quand il bretonne, en oublie poissons poissards ou fruits de mer poisseux et autres pétoncles incarnés. Car si « la littérature veut instruire ou plaire ; parfois son objet est de plaire et d’instruire en même temps » (Horace), celle pour qui, coinçant pour l’heur la bulle sans sortir de ma coque, je professe foi et cœur, étonne nos temps atones autant qu’il détonne aux heures monotones quitte à faire des ronds dans l’eau, ne semble pas goûter le fumet ou le sort du hareng, ni la toison du mérou, le seul de ces autochtones de l’onde pure à être velu au point que le poil de mérou s’tond ! La fable, même jetée à la rue du même nom, s’encroûtonne avec des quadrupèdes qui gloutonnent ou des oiseaux zélés qui se matonnent plutôt que de jouer, à couteaux tirés avec de gros poissons et une marée de branchies branchées et nageoires en pataugeoire. J’insiste, sans chercher à noyer le poisson, frais ou non, même chez les plus Grands - y aurait-il anguille sous roche ? - les hôtes des rivières et des mers sont aussi rares que mariages de la carpe et du lapin et « Homard m’a tuer ». Aussi, depuis mon pays de rochers où on est prompt à jeter la pierre, soit-il gravier, au moindre caillou - j’habite la Bigorre et suis donc bigorneau pur jus ! - mais où plus d’une morue dessalée qui se cache à l’eau pour rire comme une baleine, pécheurs et pêcheurs, je vous lance sur un tel sujet natatoire qui est du caviar et vous invite à chercher la perle dans l’huître ! Plutôt qu’à praire comme âne Hémione en sa solitude, pour mettre un turbot dans votre moteur à idées et refuser de vous couler dans ces moules qui vous rendent tartes, cher confrère de la RuedesFables où je piétonne, si par malheur tu seiche, viens poéter plus haut que ton Q.I. céans, malséant sur ton séant, le poisson, celui qu’il nous faudrait ferrer sans laisser filet et ne réjouit ni le chaland ni le chalut. Je le pistonne en m’en payant une tanche pour mettre à mal ce merlan - au regard pas vu pas frit - qui, encornet acoustique à l’oreille, frais comme un gardon coiffe ma calvitie avec application ou l’églefin aux ablettes de chocolat un peu trop travaillées qui fraye en eaux troubles et a hameçonné, fichtre, ma fille. Vifs comme truites, mes mots sans queue ni tête réhabiliteront la friture que j’aurai sur la ligne, puisque l’occasion qui fait le larron plus que le saumon, soit-il barbant autant que barbu, me tend la perche dans le panier de crabes de notre quotidien aux relents d’acétone où vivent en ban les sushis et autres ennuis. Il n’y a que le premier poulpe qui coûte… Oui, amis auteurs, quittons le plancher des vaches et lançons-nous à la pêche au gros comme au menu fretin, engueulons d’une morale bien sentie ces maîtres nageurs comme du poisson pourri, qu’ils soient requins de la finance, pseudo-loups de mer, raies publiques plates comme limandes ou maquereaux du show-business. Rappelons que sirènes valent mieux qu’une, et que la plupart d’entre elles ne sont, décoiffées et démaquillées, en un mot désapprêtées, que murènes, au petit matin. Ne nous em-pêchons de rien, faudrait-t-il marcher comme un crabe ou ne pas être de bon thon, avec des apologues au ras des soles - car apologies ce seront - finissant en queue de poisson. Ne fredonnons plus l’air d’Hair - « À quoi Riom ?… À quoi Riom ?… » - et ne faisons pas le dos rond mais le dauphin et chantons à l’unisson, soyons-nous poilus comme des ours même nus comme vers, ces eaux d’ici et ces eaux de là et point d’autre lieu, soit-il commun, où nagent comme poissons dans l’eau des êtres injustement abandonnés à leur sort ou morgués : rester muets comme carpe c’est encourager gueules d’anchois ou ces crevettes où tout est bon sauf la tête et tous ceux, qui congres comme leurs pieds, serrés comme des sardines, méprisent - au risque de la Naïade ! - les animaux aquatiques préférant voir un os là où il n’y qu’arêtes. Si comme moi, vous en avez calamar, jetez-vous à l’encre comme pieuvre pour la défense des bêtes qui n’en ont pas… pour ma part, j’ai piscine et après je passe au bar où m’attendent quelques barbeaux barbons rouges comme des écrevisses à force d’écluser. Car ils aiment, ça, l’alevin. Et quelle que soit sa couleur ! Allez, au bulot, oursins cachés dans la première poche venue de la RuedesFables, langoustes pas lourdes ou méduses…et fabuleusement vôtre !

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