Petite fable affable
Sa Majesté le Tigre ne craint rien
Ni personne, Rajah ou vaurien.
S’il effraie sans peine même le buffle,
Il respecte l’éléphant comme un pair,
Mais si l’un se conduit comme un mufle
Avec lui, même une fois, il appert
Que ce placide-là se fait fauve :
La fuite seule garantit la vie sauve.
Or, un pachyderme osa le moquer
Sur son cri et sa livrée de coquet
Couvrant cet Auguste d’injures,
Faisant courir de sales rumeurs,…
Donc de le saigner le Tigre jure.
Pour se protéger de telles humeurs,
L’Imposant s’enferma en une île
Qu’il ceignit, pour l’heur, de très utiles
Marécages noirs d’ignominies,
De sables fort mouvants de mépris,
De boues et sanie humiliantes
Et surtout d’une eau des plus croupies
Croyant que ce chat, plus que fiente,
Craint l’eau et que, malgré son dépit,
Il ne voudra souiller son pelage,
Meurtrir ses os qu’a érodés l’âge.
Mais la baderne fit là mauvais
Calcul : le temps allait lui prouver
Qu’on châtie toujours l’insupportable
Quoi qu’il nous en coûte car ce Roi
Se jette à la fange détestable
Et sans éprouver nul désarroi
Lui fait goûter ses crocs et ses griffes
Avec lesquels tout affront il tarife.
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