Petite fable affable
En forêt, chevreuils et daims polémiquaient.
Les premiers tenaient, avec dédain, que harde
Est mieux sans un chef pour la cornaquer ;
Les seconds prétendaient qu’idée si jobarde
Ne pouvait accoucher que de grands malheurs.
Le débat tournait à la dispute, aux heurts,…
Car on sait rester civil quand on discute
En nos jolis bois et tout aussi courtois
Que l’homme des villes quand il persécute
De ses idées qui n’est à tu et à toi
Avec lui. Ainsi va le monde animal
Quand il est, ma foi, on ne peut plus normal !
Rien ne rapprochait ces deux bandes d’apôtres
Mais la chasse mit un terme aux vains discours
Des uns, forts sûrs de leur fait, comme des autres
Certains de l’erreur de ceux-ci… Faisons court.
Chaque troupe, aussitôt, de son côté, s’égaille
Pour fuir la mort qui, par tout le bois, vous daille.
Les chevreuils s’éparpillaient à tous vents,
Se gênant, se bousculant,… Cibles faciles ;
Les daims suivirent leur guide, droit devant,
Sur un rang. Disciplinés. Proies imbéciles.
Chaque groupe y perdit autant des siens.
Cruelle égalité face aux balles et aux chiens.
Et, trois jours plus tard, dans une clairière,
Quand nos deux bandes se trouvent à nouveau,
C’est pour reprendre leur discussion. Fière
Rencontre que celle de ces grands rivaux
Pareillement décimés. Les chevreuils arguent
Pourtant que leur bonne anarchie, toujours, nargue
L’ennemi, le déroute et préserve, au moins,
La moitié d’entre eux ; les daims, eux, affirment
Que leur organisation, très au point,
Fait qu’ils ne perdent, valides et infirmes,
Que cinquante pour cent des leurs. Résultat :
Chacun reste sur ses positions. Là !
Et pas une larme versée pour les bêtes
Qui ne sont, las, plus là pour s’en faire fête.
La vanité se nourrit de tout à l’excès :
D’un demi échec ou d’un terne succès,
Elle se repait toute aussi satisfaite
Que de victoire, sans s’en faire procès.
Quand nos deux bandes se trouvent à nouveau,
C’est pour reprendre leur discussion. Fière
Rencontre que celle de ces grands rivaux
Pareillement décimés. Les chevreuils arguent
Pourtant que leur bonne anarchie, toujours, nargue
L’ennemi, le déroute et préserve, au moins,
La moitié d’entre eux ; les daims, eux, affirment
Que leur organisation, très au point,
Fait qu’ils ne perdent, valides et infirmes,
Que cinquante pour cent des leurs. Résultat :
Chacun reste sur ses positions. Là !
Et pas une larme versée pour les bêtes
Qui ne sont, las, plus là pour s’en faire fête.
La vanité se nourrit de tout à l’excès :
D’un demi échec ou d’un terne succès,
Elle se repait toute aussi satisfaite
Que de victoire, sans s’en faire procès.
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