Édito’ de Mars pour RueDesFables
N’ayant pas d’esprit, je suis obligé d’en faire. Et du « mauvais » qui plus est. Voilà comment, art scénique et vieilles ficelles, je me retrouve à trousser des apologues qui n’ont pas plus l’esprit devin que celui de l’escalier. L’un d’eux pointe, parfois, le bout de ses vers sévères RuedesFables où je tiens boutique avec quelques beaux ou grands esprits qui n’ont rien de fantômes à tics. Or me trouvant à m’affairer à cette tâche en fable d’esprit, l’esprit moqueur - vive le mot « cœur » à l’heure du moka ! - je me trouvais à proposer pour une autre échoppe de fables et attrapes, hors cette Rue que vous chérissez autant que moi, un objet de fiction promu, à ma grande stupeur, sujet de friction. Les tas d’esprits n’accouchent pas toujours de Raison !
En effet, quoiqu’écrite avec une sagesse ne manquant pas d’esprit de sel, mon historiette choqua un quidam, dont seule une fracture du crâne pourrait ouvrir l’esprit ce qui ne paraissait pas l’empêcher de réfléchir aussi promptement que son miroir. L’olibrius, tout à plein de votre serviteur déconnu, ne l’entendit pas de cette oreille. Ni de l’autre. Et votre humble fabuliste se retrouva dans le rôle de l’insultant dénigreur, donc du dindon de la fable, accusé de mépriser, sans le nommer, le tiers en question qui fut touché par des mots qui ne le visaient même pas. S’en suivirent polémiques - Victor ! - et en bonnes moissons de surcroit, de celles où le grain est lourd et la paille belle. Il avait l’esprit à la consommation voire à la sommation tout court !
Cette mésaventure m’est advenue alors que j’oscillais entre l’esprit de gros (qui n’est pas le plus lourd) et l’esprit au détail (le plus tatillon). Plus d’un(e) de mes confrères fabulistes à l’esprit et aux phrases moins mal tournés que ceux de la plupart de leurs contemporains ont dû sans doute connaître pareille bévue. C’est l’esprit à payer T.T.C. (Toutes Tournures Comprises) quand on emboîte les pas d’Ésope ou que l’on marche à l’ombre du chantre de Château-Thierry. Mes fables ne sont pas toutes innocentes mais l’incriminée l’était, elle. Il est vrai qu’on peut me reprocher d’être plus volontiers conteur, conteur éclectique voire, à mes heures creuses, conteur à gages, que poète-pouêt ; on peut me lancer que mes bluettes sont tout sauf lyriques ou oniriques. On m’a aussi blâmé, reprenant ces esprits qui ne me furent pourtant point donnés ni prêtés, et on a déclaré que je faisais grand tort à Calliope en vêtant de ses habits de lumière une obscure prose qui ne s’assumait pas. Soit. Mais Ch. Baudelaire n’a-t-il pas montré qu’on pouvait faire des « Petits poèmes en prose » (Le spleen de Paris) ? Ma prose à moi, pour ne pas échauffer les esprits ni les marquer, ne voulant pas faire d’ombre à ce géant, rime. Pas à grand chose, je vous l’accorde et parfois sur le ton de « rime ailleurs ! » mais elle rime, richement ou chichement.
Quant au fond, car dans le fond je ne suis moins bête qu’un autre, mon mépris ayant un prix je m’avisai de visu sur l’aviso que l’importun ne valait même pas la médiocrité de mon travail et donc ma patte qui n’est pas de velours ne fut pas mise ici dans le plat : je fais, avec humeur parfois, avec humour souvent, en poulets, une sorte de prosaïque poésie sans envolée lyrique ni métaphores ampoulées, sans paraboles mais pleines d’images et de sons pourtant. Fautive peut-être. Puérile sans doute. Imparfaite et maladroite - donc un peu gauche - sûrement. Mal intentionnée jamais car l’amorale gagne toujours même si écrire, comme tout art (je n’ai point l’esprit de sacrifice), est moins une vocation qu’une provocation. Elle gagne au moins à être connue comme son esprit f’ra peur. Faut apprendre à comparer plutôt qu’à discuter l’esprit !
Aussi, quoiqu’époux comblé, me voilà marri et pair des plus grands malgré la modestie de mes œuvrettes et de mon propos car je suis obligé, au XXIe siècle, de prier qu’on me pardonne de faire de ces fables millénaires, ces mensonges en quête de vérité qui, non sans esprit critique je le concède, paillepoutrent le proche et titillent le prochain sur un mode parfois aussi léger que Fernand. Dieu et son saint Esprit merci, dans notre RuedesFables, avec un esprit qui tient plus de l’équipe - pas le quotidien mes parutions étant moins régulières ! - que de corps, de famille que du clocher ou de compétition, on peut se livrer sans crainte à ce délice des sens et du verbe sans craindre l’esprit de contradiction de certains. Ainsi, tous nous travaillons à ancrer un genre mal arrimé aux cieux de la Littérature qui, elle aussi, a ses limbes. Et ce n’est pas là vue de l’esprit. Esprit libre bien sûr. N’en déplaise à qui gravite en orbite autour de son nombril au risque de se frapper la tête au sol de leur do-mi-si-la-do-ré.
Tant pis donc pour les mauvais coucheurs ayant l’esprit du marché : ici et ainsi les grands esprits se rencontrent pour damer le pion à tel esprit qui croyait pendre ou écraser l’esprit comme un vulgaire Mammouth des temps jadis, esprit au rabais devenu coûtant bien sûr et donc pesant.
Fabuleusement vôtre… car votre esprit sera toujours le mien.
En effet, quoiqu’écrite avec une sagesse ne manquant pas d’esprit de sel, mon historiette choqua un quidam, dont seule une fracture du crâne pourrait ouvrir l’esprit ce qui ne paraissait pas l’empêcher de réfléchir aussi promptement que son miroir. L’olibrius, tout à plein de votre serviteur déconnu, ne l’entendit pas de cette oreille. Ni de l’autre. Et votre humble fabuliste se retrouva dans le rôle de l’insultant dénigreur, donc du dindon de la fable, accusé de mépriser, sans le nommer, le tiers en question qui fut touché par des mots qui ne le visaient même pas. S’en suivirent polémiques - Victor ! - et en bonnes moissons de surcroit, de celles où le grain est lourd et la paille belle. Il avait l’esprit à la consommation voire à la sommation tout court !
Cette mésaventure m’est advenue alors que j’oscillais entre l’esprit de gros (qui n’est pas le plus lourd) et l’esprit au détail (le plus tatillon). Plus d’un(e) de mes confrères fabulistes à l’esprit et aux phrases moins mal tournés que ceux de la plupart de leurs contemporains ont dû sans doute connaître pareille bévue. C’est l’esprit à payer T.T.C. (Toutes Tournures Comprises) quand on emboîte les pas d’Ésope ou que l’on marche à l’ombre du chantre de Château-Thierry. Mes fables ne sont pas toutes innocentes mais l’incriminée l’était, elle. Il est vrai qu’on peut me reprocher d’être plus volontiers conteur, conteur éclectique voire, à mes heures creuses, conteur à gages, que poète-pouêt ; on peut me lancer que mes bluettes sont tout sauf lyriques ou oniriques. On m’a aussi blâmé, reprenant ces esprits qui ne me furent pourtant point donnés ni prêtés, et on a déclaré que je faisais grand tort à Calliope en vêtant de ses habits de lumière une obscure prose qui ne s’assumait pas. Soit. Mais Ch. Baudelaire n’a-t-il pas montré qu’on pouvait faire des « Petits poèmes en prose » (Le spleen de Paris) ? Ma prose à moi, pour ne pas échauffer les esprits ni les marquer, ne voulant pas faire d’ombre à ce géant, rime. Pas à grand chose, je vous l’accorde et parfois sur le ton de « rime ailleurs ! » mais elle rime, richement ou chichement.
Quant au fond, car dans le fond je ne suis moins bête qu’un autre, mon mépris ayant un prix je m’avisai de visu sur l’aviso que l’importun ne valait même pas la médiocrité de mon travail et donc ma patte qui n’est pas de velours ne fut pas mise ici dans le plat : je fais, avec humeur parfois, avec humour souvent, en poulets, une sorte de prosaïque poésie sans envolée lyrique ni métaphores ampoulées, sans paraboles mais pleines d’images et de sons pourtant. Fautive peut-être. Puérile sans doute. Imparfaite et maladroite - donc un peu gauche - sûrement. Mal intentionnée jamais car l’amorale gagne toujours même si écrire, comme tout art (je n’ai point l’esprit de sacrifice), est moins une vocation qu’une provocation. Elle gagne au moins à être connue comme son esprit f’ra peur. Faut apprendre à comparer plutôt qu’à discuter l’esprit !
Aussi, quoiqu’époux comblé, me voilà marri et pair des plus grands malgré la modestie de mes œuvrettes et de mon propos car je suis obligé, au XXIe siècle, de prier qu’on me pardonne de faire de ces fables millénaires, ces mensonges en quête de vérité qui, non sans esprit critique je le concède, paillepoutrent le proche et titillent le prochain sur un mode parfois aussi léger que Fernand. Dieu et son saint Esprit merci, dans notre RuedesFables, avec un esprit qui tient plus de l’équipe - pas le quotidien mes parutions étant moins régulières ! - que de corps, de famille que du clocher ou de compétition, on peut se livrer sans crainte à ce délice des sens et du verbe sans craindre l’esprit de contradiction de certains. Ainsi, tous nous travaillons à ancrer un genre mal arrimé aux cieux de la Littérature qui, elle aussi, a ses limbes. Et ce n’est pas là vue de l’esprit. Esprit libre bien sûr. N’en déplaise à qui gravite en orbite autour de son nombril au risque de se frapper la tête au sol de leur do-mi-si-la-do-ré.
Tant pis donc pour les mauvais coucheurs ayant l’esprit du marché : ici et ainsi les grands esprits se rencontrent pour damer le pion à tel esprit qui croyait pendre ou écraser l’esprit comme un vulgaire Mammouth des temps jadis, esprit au rabais devenu coûtant bien sûr et donc pesant.
Fabuleusement vôtre… car votre esprit sera toujours le mien.
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