Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

lundi 1 juillet 2019

LE RAT MAL LOGÉ

Petite fable affable

Un raton, des mieux vus en son monde,
Su comme fort honorable à la ronde,
Avait, prolifique, neuf enfants. 
Ils faisaient tout son bonheur, belles dames,
Mais aussi tout son malheur et son drame.
Car en sa vie le plus ébouriffant,
Était que las, quoique pas sans pécune,
Son clair logis était de plus étroits
Avec sa charge d’enfants. Trois fois trois !
Ces ratatons-là manquaient fort d’espace,
Mais aucun propriétaire, rapace
S’il en est, ne voulait alors louer
À tant de marmaille. Oui, on rejette
Ce bon rat, ses bambins et ses fillettes ;
« Ça salit et casse, ça. Madoué ! »
Pourtant il a de quoi payer loyer, charges,…
« Neufs marmots, z’y pensez pas. Faut êt’ barje ! »

Il aurait pu mentir, cacher la vérité
Pour s’en sortir mais ça le rebutait.
Alors il rusa : il lui restait une visite
Ultime à faire. Chez quelque blaireau,
 Logeur malengroin, soupçonneux, faraud,…
Alors pour convaincre un tel parasite,
Bailleur sachant bâiller, il ne prend qu’une enfant
Pour l’heur, sa petite aux yeux de faon.
L’hiver approche, il y a donc urgence :
Il envoie son épouse, pleine d’indulgences,
Et ses huit mômes, c’est la saison !,
Honorer par maints pots de fleurs l’Ancêtre
- Qu’on oublie le rest’ du temps, ‘faut l’admettre ! -
Et qui a une tombe pour maison.
C’est son va-tout, sa dernière chance
D’obtenir une nouvelle résidence.

Face au bourgeois et la petite en pleurs
 - Il l’a pincée ! - Il n’a l’air que douleur
Et tristesse en plaidant, lassé, sa cause.
Le bourgeois s’émeut, va lâcher l’appart’
Bien grand pour ces deux-là, et très smart
Aussi. Puis il demande sans plus de glose :
« Et madame ?… Tu as une maman,
               Petite ?!

                         - Oh oui ! dit-elle très poliment
Mais elle est, hélas, au cimetière…

- Avec ses frères ! » fit, comme en prière,
Son père. Le proprio’, lors, céda
Et leur octroya ce logement vide.
Quand fut parti ce grand grison avide,
Le rat raisonna : « Il faut, oui-da,
Toujours servir la vérité aux autres
Mais non sans l’asservir aux desseins vôtres… »

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