Petite fable affable d’après Le bœuf & la génisse
de R.-N. du Houllay, Fables en vers français, IX, 2.
« Ah, foi d’animal, est-ce une vie que ta vie ?
En tout cas, au pré, elle ne fait pas envie ! »
Ainsi donzelle génisse apostrophait-elle
Un gros boeuf qu’aux labours dès mâtines on attelle,
Qui mange du bâton et goûte le fouet
Plus qu’à son tour, attendant l’heure du brouet,
Qui est aussi celle du repos, passées vêpres.
Ainsi vont ses jours à moins qu’advienne une lèpre
Qui en fera un mets de choix tant il est gras.
« L’Homme, tu le vois, avec moi n’est pas si rat :
Ma vie n’est que loisirs en ce grand clos, pâture
À mon gré et à mon goût en pleine nature.
Le destin qui m’a choyé ne t’a pas soigné :
Je n’ai contrainte à subir ni reconnaissance
À avoir .
- De ton destin as-tu connaissance,
Ma Belle ?… Avant que tu n’aies pu un peu savoir
Ce dont on m’a privé, Boucher tu iras voir
Et tu comprendras que ton humain n’est largesses
Qu’à dessein. Je te laisse, hélas, à l’allégresse
Car il est parfois des libertés et du velours
Moins tentants qu’un joug que je sais, soit-il fort lourd ! »
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