Petite fable affable
Au clair de l’aube, ce matin-là, en bord d'eau
Les oiseaux, chamaillis chamarré, chantent.
Mais leur brouhaha est éteint par ces badauds
De roseaux et de massettes qui hantent
Ce doux lieu et qui causent et qui jasent entre eux
À en perdre haleine comme en foire de gueux.
On sait tout du goût d’untel, des envies d’une autre,
De la nuit d’icelle, de la vie de celui-là,
Des sottes pensées d'esprits bas et las,
De l’ennui de l’un, jugé bon apôtre,
Des avis de son pair mal dégrossi,…
L’utile côtoie le futile ainsi.
À tant parler nul, dans les faits, n‘écoute
Plus son voisin, se croit fort important
Quand il n’est qu’importun, Tonton Macoute
Se voulant gourou dans le même temps.
Alors ça bruit, ça frémit, murmure
À tout va, Et, à tout vent, ça susurre.
Ce vain chahut d’incessants chuchotis
Lasse le vieux chêne qui, coi, règne
Sur la roselière aux clapotis
Et clapets agités jouant aux teignes.
Ce silence ,enfin, étonne les causeurs :
On en dit mots, par cent, chez ces jaseurs.
Mais on n’entend rien du côté de l’arbre.
Comme si le brouhaha de ces bavards
Plus loquaces encore' que des crevards,
On s’en étonne, le laissait de marbre.
Pour surprendre quelque syllabe envolée
Des feuilles, on fait silence sans rigoler.
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