Petite fable affable d’après Le coq & le renard de Marie de France
En ce temps, en nos vertes campagnes, on mettait
Le fumier en tas devant chez soi pour faire
Montre de sa prospérité ; à tas épais,
Grasse et grosse fortune !… Et pourquoi donc le taire,
Notre histoire se déroule chez qui avait
Près du vieux village, sur son pas de porte,
Une vraie montagne parfumée qui bravait
Tous les temps et dessus, haut perché, une sorte
De coq altier que l’on moquait pour avoir
Plus de défauts que la coutume n’en accorde
Et que les us n’en attendent de ces couards.
Mais faisons ici preuve de miséricorde…
Jouant autant le fier que son maître était
Orgueilleux, tout le jour, et à la cantonnade
Il chantait. On protestait… et il s’entêtait.
Il attira ainsi Maître Renard, la tornade
Qui semait ruine et déroute partout
Où il donnait l’aubade ou, pis, la sérénade.
« Bien le bonjour, bel et bon Manitou !
Sans mentir, cher coquâtre, si votre ramage
Se rapporte un tant soit peu à votre plumage,
Vous êtes le Phénix des hôtes de ce tas. »
Coq savoure en gourmet ces compliments, bêta.
« Mais je crois me souvenir que feu votre père
Fermait les yeux pour chanter mieux, plus fort ! »
Ajoute le madré. Notre coq ne repère
Pas le piège et clôt les paupières… à tort !
Le roué se saisit de lui et l’emporte
Hors la ferme. Mais on le vit aux alentours
Et on le poursuivit aussitôt et forte
Fut l’envie du chasseur, à bout de vilains tours,
D’abandonner sa proie qui lui dit alors :
« Va, crie-leur que je suis à toi de ma propre
Volonté ! » Cette idée parut valoir de l’or.
Renard voulut jaser en ce sens aux malpropres
Lancés après lui… et l’autre s’ensauva !
Le chanteclerc reprit lors sa voix de diva :
« Nous avons agi comme de grands imbéciles :
Quand il faudrait se taire on parle, hélas, par trop
Comme on reste muet quand on devrait causer haut…
Cette mésaventure en cela me décille ! »
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