Petite fable affable
Au temps où les safaris, Christi !,
Se faisaient au fusil, on partit
En brousse quérir trophées d’une gloire
Sans panache avec armes et accessoires
Prompts à porter la civilisation
Jusqu’aux confins du monde barbare,
À montrer aux sauvages nations
Que l’Homme blanc, seul, est à la barre.
Dans un camp de nuit, un vieux chacal
Par quelque fumet de viande amical
Attiré, à l’heure où dort le groupe,
D’un cuissot de gazelle se saisit.
Prêt à fuir cette mauvaise troupe,
Il est pris soudain de paralysie,
Passant devant une grande glace
Qui, pour les dames, fut mise en place.
Face à lui, le voleur voit un des siens
Tenant patte d’antilope, ce chien
Sauvage !… Hélas, notre intrus la trouve
À son goût et à ce fat le prouve
En lui sautant dessus. Il a cassé
Le miroir. Sur les bris de l’ustensile
Il s’est tant blessé qu’il fut chassé
Et mourut comme un vil imbécile
Pour avoir réveillé les dormeurs
Venus jouer là les écumeurs…
Que ressort-il de cet ancien conte
Oublié de nos temps en fin de compte ?
Celui qui n’en a jamais assez
À trop vouloir, pourrait trépasser !
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