Petite fable affable d’après Deux compagnons
que l’ourse sépara d’Avionnet
Deux croquants, compagnons de route, s’étaient
Promis-juré, à la vie à la mort, aide
Et assistance. Partout. L‘été
Comme l’hiver disait le serment qu’en pinède
Ils scellèrent de leur sang. Un bon traité.
À quelques lieux de là, dans cette pénombre
Qu’offre la forêt, au détour d’un bosquet,
Surgie de verts fourrés, se dresse une ombre
Devant eux. C’est une ourse que leur bouquet
Avait tirée de de sa torpeur, dont le sombre
Ventre criait famine entre deux hoquets.
L’un des rouliers qui se piquait de courage,
Piqua surtout des deux, ne laissant à l’ami
Oublié que le sac et les quilles. Rage
Ursine étant ce qu’elle est, à demi
Mort de peur, celui-ci choit dans le cirage.
Voici la bête qui s’approche du pâmé.
Longuement, ce vilain elle hume et remue.
Il n'bouge mie. Le croyant, quoique affamée,
Trépassé et jà pourrissant, pas plus émue
Elle l’abandonne. Est-ce à blâmer
Ses haillons et son fumet sentant la mue ?
Le capon embusqué non loin revint lors
À son frère de cœur, sonné, qui s’éveille
Et s’enquiert là de son état, fort
Inquiet. Mais l’autre, intact, merveille !,
Lui dit que l’ourse avait parlé. « C’est fort !
Que t’a-t-elle murmuré ? Fit-il, tel moine
Apeuré par les vertus de l’aigremoine.
- Va et ne fraie jamais plus avec quelqu’un
Qui fuit, car il s’effraie au premier embrun ! »
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