Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

samedi 5 novembre 2022

LE LOIR EST CHAIR

Petite fable affable

Dans le noir d’un grand bois d’autrefois, 
Au bon temps d’une prospérité
Qui n’ignorait pas l’adversité,
Las, pour une énième fois
On discutait gouvernement
Et disputait couronnement.

Sans jamais déguiser leur passion
Ni contraindre, en rien, leur humeur
Quelques bêtes voulaient, en primeur,
Être monarque de ces buissons,
Donnant des coups, rendant plaie pour plaie,
Du plat de la langue, s’il vous plaît.

Le cerf, ayant une portée d’esprit 
Médiocre, rappela qu’il est roi
Portant plus de cors qu’on est en droit 
D’en souhaiter à un maître de prix.

Renard prétendit que la rouerie
De ses pères, n’était le mépris
Du commun, lui vaudrait au bas mot
Tortil… ou diadème d’émaux.

Le loup souligna qu’il descendait
D’un croisé et donc que regalia
Devaient lui échoir, Alleluia !
Alors que l’aigle, un vrai dadais,
Affirma : «  Des airs on me dit roi
Depuis la nuit des temps : j’ai des droits ! »

Un loir s’invita : « Vos arguments
Sont vos aïeux ?… Qu’il soit entendu
Que mes qualités, que ma vertu,
Que mon abnégation, simplement,
Me désignent comme souverain ;
C’est là une vérité d’airain ! »

Sa roture est sa dorure. On rit
Donc. « C’est là parole d’envieux ! »
Fait le cerf qui décocha un vieux
Coup de sabot au rongeur surpris.

« Mots d’ambitieux ! » dit le rusé
Qui mordit le loir sans trop l'user.

« Propos de parvenu ! » crie Lupin
Qui estropie l'effronté galopin.

L’aigle ajoute : « On joue donc les vantards,
Insigne proie ?! » Puis, sans retard,
Il emporta notre animal mourant
Vers de lointains aériens courants.

Le loir ne put que dire à ces fats 
Se moquant du prince des sofas :
« Vous ne vous êtes donné, un jour, 
Que la facile peine de naître
Quand moi, trois fois hélas, chaque jour, 
J’ai le mérite d’essayer être ! »

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