Petite fable affable
Du temps où Oedipe régnait sur son monde
Et se faisait fort respecter à la ronde,
Deux Béotiens, jusqu’à Thèbes, cheminaient,
La mine triste et le front plissé, minés
Par le sombre oracle que la Pythie de Delphes
Avait rendu à ce couple de philadelphes.
Ils rentraient donc comme ils étaient venus.
Mais l’un d’eux des plus pingres, idée saugrenue,
Avait acheté pour faire leur long voyage
Des sabots trop petits qui, las, sans ambages,
Le faisaient fort clocher et donc beaucoup souffrir
Depuis l’aller sans espoir, las, d’en guérir.
L’autre, se croyant prévoyant, au contraire
Avait pris les siens plus grands car l’agraire
Adage veut que le plus est le mieux !
Mais ses pieds cloquaient. Chaque lieue
À courir lui était bien plus pénible
Et chaque pierre, un mal plus inadmissible.
Ils marchaient mal l’un clopin l’autre clopant
Sur cette route sous l’œil de l’occupant
Du Mont Parnasse et d’un paysan, binette
À l’épaule, qui rit, comme une nonnette,
Des deux boiteux : « Qui veut affronter la chaussée
Doit d’abord s’assurer qu’il est bien chaussé ! »
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