Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mardi 29 septembre 2015

LE VIEUX VILLAGE

Là, au creux de ce coude de la rivière,
Là où les plus vieux des vieux chemins de pierres
Se croisent en lacis au pied de grandes croix,
Le ciel las se joue du vent, à claire-voie
Et sa bruine bruissaille sur les broussailles
Pour mieux bénir les agrestes fiançailles
Des nues cendrées, couleur des étains éteints,
Et des longs sillons qu’a fumés le crottin.

Là, où la forêt pénombre tout sillage,
Là se cache un authentique village,
Dans un pays de verts sureaux et d’ormeaux,
De roseaux nés pour finir en chalumeaux,
Et d’anciens gros hameaux sentant bon la terre.
Dominé par un noir presbytère austère,
Et les ruines d’un château tout vermoulues.
Ce lieu sombre a tout d’un monde révolu !

Des tonnelles de glycine pour enseigne,
Des roses anciennes au parfum qui saigne,
Vous y indiqueront des maisons vieillies,
Silencieuses comme sait l’être un taillis
Quand un fusil trop près de lui erre ou flâne
Mais aussi, dans le braiment subit des ânes,
Auberge ventrue, taverne courue,
Clocher pointu et boutique sur rue.

Dessous ce ciel d’ombres où de grandes grues grincent,
Des petites mains découpent ou émincent,
De gros bras battent pâte ou bien frappent fer,
Alors que sur la grand’place en mâchefer
Des boules roulent des mains de gens sans âge
C’est un agréable roulement d’orage 
Loin des rues pentues, des bornes moussues,
Qui éloigne les plus bourrus des pansues.

Demain, le soleil chauffera de sa braise
Et tisonnera l’air lourd tout à son aise
Sur les labours mouillés et les toits lavés.
Demain, sur le brillant furtif des pavés,
Les sabots des hommes et ceux des bêtes
Feront entendre leur chanson qui entête
Celle du jour neuf, pareil au précédent
Et semblable à qui ira lui succédant.

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