Petite fable affable
Un cochon, souillon par goût et, par paresse,
Idiot, prétendait tout savoir des beautés
Que Dame nature n’a ici-bas de cesse
De prodiguer à nos yeux tout envoûtés
Par la diversité de ses charmes et largesses.
Il préférait vautrer son corps gras dans la boue
D’un coin de pré vert dont il faisait sa bauge,
Se lever tard et se goinfrer sans tabou
De tout ce qui tombait, jour et nuit, dans son auge
Car tout lui faisait lard si c’était en gros bouts !
Il n’avait jamais vu les ors rougis de l’aube
Mais en causait comme un savant : en é-ru-dit !
S’il n’avait jamais vu cette heure où se dérobe
La nuit devant l’aurore il en avait tout dit…
Lui qui dormait, la nuit, du sommeil du gars probe
Il parlait des étoiles et de la voie lactée,
Dissertait sur les monts et les vaux ou les plaines.
Lui qui n’avait jamais, de sa vie, non, quitté
Son sale coin du groin ni de l’haleine,
De l’horizon et des lointains, il jactait.
Il avait lassé de la prairie tous les hôtes.
Une biche vint à passer pour paître auprès
De son enclos puant et l’entreprit. La faute !
« Quand on a vu tout ça une fois, l’intérêt
Né de la nouveauté, à jamais, on nous ôte.
Conclut notre porc dans un petit grognement.
- Parce que chaque jour a ses propres merveilles
Fait alors la biche, sans un trépignement.
Le plus petit matin vaut mieux que sa veille…
C’est de la Nature le seul enseignement ! »
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