Petite fable affable
Madame Furette joue du menton
Mais, joyeuse et joueuse, à ses drolettes
Fait la leçon sans user du bâton.
L’une s’est conduite en faux-jeton
Mais l’autre n’avait fait d’autre boulette
Que de rêver trop haut et bien trop fort
À l’Amour, tel qu’on y aspire en son for
Intérieur, quand on est à l’âge tendre,
Celui du rêve et des princes charmants,
Celui où rien n’est pire que t’attendre,
Où un instant est un trop long moment,
Où l’on ne veut rien ni personne entendre…
Pour elle, la Furette a salivé :
« Ah, si aspirer à quelque chose inspire
À celle ou celui qui ose rêver,
Ici-bas, le meilleur comme le pire,
Il faudra, ma fille, pour arriver
Un matin, à toucher du doigt ton songe,
Fuir enthousiasme, espoir, ces mensonges
Alors que croire et penser sont des leurres !
Donne des ailes à ton souhait à ton gré
Puis aide à son envol, heure après heure,
Sinon elle reste idée, devient regret.
De ceux qui te resteront à demeure.
Va, agis sans avoir l’air affairée,
Et mieux, le silence fais prévaloir…
Puis, quand tu sauras ainsi espérer,
Promis, là, je t’apprendrai à vouloir* ! »
* D’après Sénèque (c. -1 à 4 ap.J.C. - 65 ap.J.C. )
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