Petite fable affable
La témérité, que l'on croit fort méritoire,
Comme l’insolence la plus attentatoire
S’arrête la où on croit sentir le pouvoir
Ou quand on se trouve face à son bon vouloir
Comme nous le montre cette indienne histoire :
Un fameux tigre en sa sombre jungle régnait
Sur l’éléphant fumant, la fumeuse araignée,
Comme on écraserait une mouche fumarde
Tyran despotique avec toute cette harde
Et cruel à faire le monde s’indigner…
Que l’on s’en étonne ou, pis, que l’on s’en offusque,
Et le roi a le mot prompt, la patte un peu brusque :
« De quoi me serviraient la pourpre et les faisceaux.
Si je ne peut point tourmenter mes vassaux ? »
On s’aplatissait donc à devenir mollusque :
Que l’on coure ou rampe on fuyait ce souverain,
On rongeait son frein et se disait en refrain :
« Ne rien demander ni espérer du maître
Te sauvera la peau ; ne rien lui promettre
Et serve flatterie épargneront tes reins ! »
Plus d’illusion ni d’espoir, tous deux en cendres…
Seul le vieux vautour refusait de descendre
À ces extrémités : courir, acquiescer
Consentir, obéir, fuir ou s’abaisser
C’était à ce bourreau céder, condescendre,
Flatter ses noirs penchants, le voir continuer
D’étêter les rétifs, de tuer les nuées
De pas assez zélés, de son humeur la cible…
En bref, de s’entêter dans son inadmissible
Conduite des choses et gens sans fluctuer.
Il le pensait fort, le disait haut… en son arbre.
Le roi se refusant de rester là, de marbre,
La faute fâcheuse, hélas, voudrait châtier :
C’est pour lui, le b.a. ba de son métier.
Il se plante du soir au matin sous cet arbre
Où se terre et se tait, dès lors, l’inconscient
Jaseur : « Vil Pleutre qui causes à bon escient,
Fit donc le roi, n’as-tu plus de griefs futiles ?
Je vois : plus le danger est loin, volatile,
Plus le courage est grand !… Mais je suis patient ! »
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