Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

samedi 16 septembre 2017

TROQUET DE CH’NORD

Murs de briques rouges noircis de fumées,
Toits de tuiles plates saupoudrées de cendres,
Le long de la rue longiligne à descendre,
Le café est plein de buveurs enfumés,
À deux pas de l'usine qui mord la plaine,
Là où le sol lourd est cousu au ciel gris,
Là d’où souffle encore un vent à perdre haleine,
Qui mènera l’hiver aux neiges aigries.

Chacun y vient et tout le monde y passe,
La bière déborde sous les clameurs.
Jusqu’au soir rivalisent de bonne humeur
 Rires gras et servantes qui se surpassent.
Dehors les chemins mènent à la maison
Où attend bobonne - ou mémère - un prodigue
Fils ou un mari soulaud pour la saison
Des hauts-cris et des reproches en fait de gigue.

Quelques vieux édentés, mains tourmentées 
Comme des racines, causent à voix haute
Du brouillard d’antan qui désorientait
De fleurs d’avril mettant bas leurs culottes
Et des bouquets de mai qu’ils ont épousés.
Ça sent la sueur, le labeur des forges
Et le travail des champs jamais jalousé,
La vie dure qui tue l’espoir et noue la gorge.

On laisse dehors les tracas, les soucis,…
On se réchauffe le corps, le cœur et l’âme
Dans une fraternité qui radoucit,
Loin de mémère - ou bobonne - Ah, les bonn’ femmes !
On boit sans voir passer l’heure. Oublier
Le temps est la seule richesse. On la partage
Sans plus de façon - Et merde au sablier ! -
Vivre ici offrirait-il d’autre avantage ?

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