Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

samedi 13 janvier 2018

CONTE D’APOTHICAIRE

Petite fable affable

Une fouine devenue pharmacienne
À force d’études et de cent filouteries,
N’avait, las, pour toute répartie qu’antiennes
Et lieux communs constellés d’afféteries :
Les billets de banque que, chez elle, on liasse
Venant, son épaisse bêtise s’exprimait
En billevesées sophistiquées et fallaces
Et, mieux, sa crasse sottise déprimait.
Sa logorrhée alambiquée passant pour verve,
L’argent lui fait, sans fard, se vanter de beauté,
La fortune se targuer d’esprit sans réserve.
Aussi rappelait-elle, tout en sa bonté,
Qu’elle ne doit rien à personne, effrontée !

Par Dieu, son père voleur de grand chemin,

Saigneur du lieu n’avait été qu’aucune aide :
Normal que, maintenant, ce ridé parchemin
Se meurre de faim. Sa neuve vertu ne plaide
Pas pour la clémence envers ce vieux truand,
Soit-il désormais abandonné aux griffes
Des ans qui filent vite et aux vils chats-huant
Laissé. Fi des heures où il se fit escogriffe
Pour elle et qu’elle jette aux orties du passé.
Sa patientèle et ses relations mondaines
Ne verraient ce larron que d’un air compassé
Qui nuirait à son commerce faisant bedaine,
Ruinerait à sa réputation si soudaine.

Et le père indigne de la pharmacopole

Ne passa pas, hélas, cette morte saison
Qui sépulture tant de corps sous blanche coupole.
Or tout se sait, ici-bas, sous les frondaisons 
La belle officine de Dame fouine est vide,
Malgré les coryzas et, pis, les allergies.
Blanche blouse interroge le hibou livide
Qui, comme seul médicastre, en ce bois agit :
« Ma  mie, fit-il, la honte offre plus qu’on n’espère :
C’est le vrai fort d’un bon cœur et d’un bel esprit
De ne point rougir de l’extraction d’un père :
Il t’a donné ce que tu as, à quelque prix
Que ce fut, et tu le rembourses de mépris… !? »

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