Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

samedi 27 janvier 2018

LE ROITELET DU BOSQUET

Petite fable affable

Un lynx régnait sur un bosquet laissé
 Par l’Homme à sa destinée naturelle.
Il y faisait la loi et, las, ne blessait
Que pour mieux tuer, des sauterelles
Au chevreau, affirmant ainsi que roi
N’est grand que craint, respecté que fui.

Mais de la sorte les sujets, pitance
Autant que vassaux, voilà l’ennui,
S’en vont au loin. Point de bombance
À force et notre fier lynx maigrit
Et s’aigrit tout autant de l’impudence
Du peuple de ces vaux et de ces monts
L’obligeant à courir à l’imprudence
Pour une ventrée, d’aval en amont.

Un jour, qu’il se trouve en une rocaille,
Il voit larmer des rapaces au corps
Meurtri de l’aigle abattu comme caille
Par un chasseur perdu dans ce décor.
« Ce doit être un grand souverain qu’on pleure
Pour qu’aussi haut on arrête les heures,
Fit-il, s’approchant, la faim en allée,

- Mieux, l’Ami, notre pauvre monarque, 
Répondit Vautour qui brinquebalait
Sur ces galets, mérite plus de marques
De dévotion que tous les  Dieux.

- On redoutait partout sa puissance,
Serres féroces et bon bec odieux,
Sans doute ! Poursuivit, comme on se lance,
Le lynx qui jà rêvait se modeler
Sur ce terrible souverain ailé.

- Point s’en faut ! Le reprit le gypaète
Il n’abusa, non jamais, de ses droits,
Partageant tout avec tous, du poète
Au prédateur, et nul ne fut sa proie
Qu’en juste part des lois de Nature.
Oh non jeune sot, il ne fut pas grand
C’est là chimère de tout immature :
Il fut juste !… C’est, crois-moi, fort différent ! »

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