Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

lundi 31 mai 2021

ENTRE MOUFLETS

Cycle toulousain

Chemins de terre et murets de pierres 
Nous les minots, nous les drollets,
On poussait comme grandit le lierre,
N’ayant lors pas d’autre rôlet,
Les hommes étant tôt matin aux caroles 
Et les femmes maniant les cassoles.

Oui, nous les gafets, on jouait.
Loin de l’œil des ménines rouméguant,
Alors que les vieux houaient
Et rouspétaient, toujours prêts, comme onguent
Aux bosses, à refiler une tèque
À qui avait fait, par trop, le quèque,
En se plaignant qu’on ne levait jamais
Une paille de par terre. Ja-mais.
Pourtant nous allions à toute blinde,
Plus paonnants que nos poules d’Inde.

Nous étions presque tous, pour sûr, 
De bonne graine, qui fait cette mauvaise 
Herbe qui court entre les cailloux durs
Au bord de nos chemins, qui prothèse
Les pierres au pied de nos murets,
Chaque jour mettant pour nous, vrais furets,
Longtemps à devenir demain, les Belles
Ne manquant pas à ce décor rebelle.
Courant à fum, de voltes en virets,
On savait tout de nos bois et des prés.

Las, nous ne pensions pas à elles
Qui nous voyaient comme autant de « bécuts »,
Attendant un galant de venelle
Qui cacherait un félibre à luth
Derrière tout goujat passant par leur fenêtre.
Pour elles, le matin embrassait, sans être,
Vite le crépuscule, aux fourneaux
Où les rivaient us, confessionnaux,…

Pas dupes de leurs jupes, nous les drolles
Jouant les drilles et des trilles, frais
Comme gardons hors d’eau qui se trantollent,
Nous vivions en galapians, gais
Lurons délurés. Comme les vents : libres.
Farnouses et testuts. En équilibre.
Jamais fripons avec les jupons.
L’avenir, jà, préparant son harpon.

Lors, on nous mettrait aux champs pour qu’on n’aille
Pas rejoindre les rangs de la canaille.
Le duvet devenu sombre et dru,
Atal con. On serait enfin adultes
Et pour nous résonneraient, les mots crus
Qu’on emploie dans le travail et son tumulte,
Les « Aviso-té ! », les « Malfiso-té ! »
Et les éternels « Afano-té ! »…

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