Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

lundi 3 mai 2021

AUPRÈS DE MON CANAL

Cycle toulousain

Au beau pays d’hier, auprès de mon canal,
Mes souvenirs s’en vont, d’un pas lent, machinal,
Pour las me rappeler ô combien me manquent
Ses vieux platanes aux écureuils saltimbanques.

Moi, c’est là-bas que j’ai mes pas perdus,
Sur un chemin qui s’est un jour lassé
De voir haler des péniches assidues
À lier deux mers… et sans bardasser.

Sa poussière n’avait pas de prise
Sur mes godasses foulant la verdure,
Dans la solitude d’une déprise
Qui en faisait lors terre d’aventure.

Seuls, le chien et moi, sous son ombrée
On marchait dans les bruits qui venaient
De ces routes déjà fort encombrées
Qui, vers d’autres cieux, vous amenaient.

Je connaissais tous ses troncs et ses fourrés
Et savais les chansons de ses oiseaux
Qui ridaient des flots toujours calmes, savourais
D’être hors du Temps, lès massettes et roseaux.

Auprès de ce chenal abandonné aux canes
Qui, déjà, le sillonnaient en silence
Et au néon des libellules, crânes,
Je vivais, un moment, dans l’indolence.

J’ai revu la tonnelle de ces feuilleées,
Mais sous ce dais, en foule on court, on crie
Ou on s’agite à petites foulées,…
“La ville” aux rives désormais s’inscrit.

Nul ne voit la verrière que vitraille
De bleu paisible et verts sereins, l’ombrage
Qui appelle aux réflexions qui raillent
Un monde vil et vain qui serait notre “âge”.

Au beau pays d’hier, auprès de mon canal,
Mes souvenirs s’en vont, quand point le point final,
Pour me rappeler, là, ô combien me manquent
Ses vieux platanes aux écureuils un brin branques.

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