Petite fable affable
Les quolibets fusent en ce cloaque.
Ce ne sont que brocards et lazzis.
Grenouilles et fretin font la claque,
Sans la moindre ombre d’hypocrisie :
Ce persiflage vise le maître
Du marécage, Seigneur Brochet,
Vénéré s’il vient à paraître,
Révéré s’il vient s’approcher…
Son agilité de tronc de chêne
Ne lui vaut que des piques ; ses dents
Meurtrières des rires déchaînent.
Et pour cause, ce Noble, ce Grand,
Est absent ; lui qui, sans partage,
Parmi roseaux qu’arrosent les eaux,
Règne, tel un hidalgo du Tage.
Lors, jasent et causent les zozos !
Les rainettes et les crapauds gloussent
Et raillent têtards et alevins,…
On moque en ce palud le Maousse,
Ce Roi des rois qui se croit divin ;
Or n’osent y porter leur pas les bêtes,
Y jaser les oiseaux entêtés,
Y frétiller librement l’ablette,…
Tant il fait l'endroit “mal fréquenté”.
Las, Brochet revint. Et tout colère.
Carpe lui avait dit - celle-là,
N'en déplaise aux vains atrabilaires,
Avait “Ben d’la jasette, la la !” -
Au cours d’une de leurs causettes,
Que pérorait et pontifiait
Le bas-peuple en ses viles gazettes
Quand il partait sans se méfier.
« N’aimant guère le ton moraliste,
Je vais dire choses sans nanan :
Je ne vous ai pas manqué :
Je ne vais pas vous rater, Manants !,
Trouvant que l’italique proverbe
“Qui te craint en ta présence, hélas
Te nuit en ton absence !”, acerbe,
Permet revanche dignes d’Atlas ! »
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