Petite fable affable
Au pays des temps passés, ayant masure et terres,
Un maquignon, un peu margoulin, convoitait
Le lopin de son voisin, bêta grabataire
Pour ce mâle Alpha-là. Il voudrait donc l’acheter ?
La belle affaire, non !… Il attend qu’il lui cède,
Sans paie, et sans plaie ni plaid, ce peu qu’il possède.
Ce pansu faisait, le soir, des moralités
Dans le goût de Florian et de la Fontaine.
Mais de morale point. Matin, à l’alité,
Il récitait ses vers en rafale, à la centaine,
Causant d’Autrui et parlant d’Amitié…
La filouterie, c’est un vrai métier !
Si pour l’heure il ne faisait guère d’ombre, son arbre
Généalogique, avec ce clos - et d’autres ! -, sûr
Il aurait vite un titre et sa statue de marbre,
Soit-il marais bourbeux et éboulis de murs.
Pour ça, il s’employait à aiser de mots stériles
Ce mourant, ce simple, plus malléable qu’argile !
Les miséreux; pensait-il, sont besogneux d’esprit
Et bas de plafond : « Je m’y prendrai si bien
Avec le mien que, va, pour le même prix,
Il ne se doutera de rien et fort bien
S’en trouvera. » Par ces mots, ce gagne-petit
De la philosophie trompait son appétit.
Hélas, le jours passant, ne mourait point l’infirme
Informe, exaspérant l’espoir du marchandeur.
Il voulut « hâter les choses » comme l’affirment
Les minutes de son procès car ce tricheur
Se fit surprendre par des commères et leurs filles
Allant, las, laver leur linge sale en famille.
Le chat-fourré, sachant que du Droit, ici-bas,
L’un a les attraits, l’autre les reflets, fort juste
Conclut ainsi son audience et ses débats,
Condamnant à mort l’homme aux manière si frustes :
« Ce que Riche a, Pauvre y pourvoit ; Si Pauvre a
Et Riche en fait sa proie, Thémis il trouvera !* »
• Ces temps écoulés nous paraissent éculés :
Combien, sur cela, le nôtre a reculé ?!
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