Petite fable affable
En terre aride que les rais de Râ acculent,
Aliboron, franc comme un âne qui recule,
Lourdement chargé d’un mont de fourrage sec,
Avance à son petit pas, sans déclouer le bec.
N’ayant croisé de longtemps une rivière,
Il croit avoir forci comme un jongleur d’altères
Et se pense au moins Hercule. Peut-être Atlas.
Il n’avait pour en juger que son ombre, hélas.
Or, sur quelque sente étroite, son bon chemin
S’encombre d’un éléphant, et pas un gamin,
Ayant perdu le sien. Sûr, fier lui, l’âne
Ne veut lui céder le pas et donc se condamne
À l’affronter. Se déroute-t-on pour si peu
Quand on est un géant ? Donc, à l’autre adipeux,
Puisqu’il n’est trop de place pour deux sur la route,
De faire arrière. Bête bâtée n’en doute !
L’aze bandant ses muscles, gonflant son poumon,
Affronte un pachyderme qui n’est point démon
Mais à qui on fait place, il faut le reconnaître ;
Même s’il ne se regarde point le nombril,
Il l’écrase comme un moucheron dans sa marche
Que rien n’arrête malgré placide démarche.
À quiconque voulant affronter un péril,
Il ne suffit pas, de soi, croire se connaître !
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