Petite fable affable d'après un conte de J.-F. Guichard (1731-1811)
Un jouvenceau, novice en galanterie,
À son confesseur avoue, hélas, au prix
D’une cruelle inquisition du prêtre
Avoir péché. Par la chair. Scène champêtre.
Il a arraché à une pucelle un baiser.
Elle fut de prime rétive. Il a osé.
Notre Jeannot sent bien que bout de colère
L’abbé. Or celui-là est atrabilaire.
« Où ? fit, l’oreille aux aguets, notre curé.
- Ben, je vous l’ai dit Mon Père : dans les prés.
- Où le baiser, niais ?!…
- Dans cou, Mazette !
- Et ?…
- Et… sur la joue de cette Louisette.
- Et ?
- C’est tout. Point ailleurs, petit garnement ?
- Nenni !…
- Pas sur la bouche, vil sacripant ?!
- Oh non, Dieu : quelle horreur !…
- C’est donc peccadille.
Je vais purger ta conscience de drille :
Un cierge, deux Pater et trois Ave
Suffiront, pour cette fois, à la laver. »
Péché véniel. Il l’a échappée belle.
Mais pourquoi donc si douce absolution
Lui valut-elle pareille Question ?
Pénitence en poche, le gars à sa Belle
Retourne et à ses petits jeux de goujat.
Il goûte alors à ses lèvres et si, déjà
Le cou et la joue étaient de purs délices,
La bouche le fit se pâmer. Sans malice.
Grâce soit rendue à la hiérarchie
Des péchés. Ça aurait été un gâchis
D’ignorer longtemps cette béatitude
Qui, de fil en aiguille, à des altitudes
Autres, les mena. Ils les ont conservées,
Bénissant ce curé coincé dans sa boîte.
À vouloir prévenir un mal, s’en préserver,
Par un mot malheureux souvent on le hâte.
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