Petite fable affable
Le hasard est roi et le mystère est son cousin.
Quittant l’amère Patrie, un loup que les argousins
Avaient navré à mort, fuit par le monde
Car la fin, on le sait, fait sortir le loup du bois !
Il errait donc, mal allant, avec plus de poil immonde
Que de chair pour trouver un havre, du pays burgonde
À la Gironde, où il ne serait pas aux abois.
Il croise alors un trio de la pire engeance.
Le porc dit : « C’est le loup, le fauve des sous-bois.
On dit qu’hélas, il croque chair et sang boit ! »
Sa compagne, une brebis, fait : « D’intelligence
Dotés, nous devrions en effet nous interroger.
Avant que de fuir, se peu avec diligence.
Mais y a-t-il péril en la demeure ? Urgence ? »
La vache complètant l’équipe, sans abréger
Son mâchement, semble songer, elle, à la chose.
Dépenaillé, ce loup n’est pourtant pas étranger
Aux Belles Lettres : « Dieu, sans vous ménager
Vous illustrez Aristote qu’on dit plus épeautre
Que blé de nos jours, quand il disait, point en censeur
Mais plutôt en humble faiseur de bons apôtres :
“L’ignorant affirme quand le savant doute et, l’un dans l’autre,
Le sage réfléchit ”
- Référence courtoise, va-nu-pieds ! »
Fait l’ovin alors que le bovin, encore, mastique
En silence. Le cochon rajoute : « Sans être casse-pieds
Un vil flatteur en guenilles, même estropié
Est pire qu’une armée en déroute ! À vos mots je tique,
Animal improbable sur qui je ne miserais nul écu ! »
Ce loup, affamé à en bouffer ses propres tiques,
Ne tient plus devant ces trois gros causeurs caustiques
Et leur saute dessus, tout à fait convaincu
Qu’ils auront fui avant que son croc un seul n’en saigne.
Pourtant il écrase ces trois peigne-cul
Qui n’ont compris que, face au danger, le tire-au-cul
Soit-il, las, ignorant, savant ou sage daigne
Par trop s’écouter plutôt que remuer le bousin !
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