Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mardi 19 juillet 2016

LE RAT ROI DES SOURIS

Petite fable affable

Un rat se trouvait être devenu
Par un hasard qui m’est, las, inconnu,
Le principicule d’un bout tout pourri
De grenier, s’abaissant, scélérat,
À frayer avec d’insignes souris.
C’était démériter pour un rat
Qui voulait voir, là, régner les rongeurs.
Or ses ouailles, cela laisse songeur,
Sont des êtres tremblants, peureux,…
Pas d’intrépides héros se jetant
Dans les flammes ; c’était un jour heureux
Quand ils ne reculaient pas, haletants, 
Devant une ombre ou au premier bruit,
Se débandant même devant qui fuit.

Avec de tels sujets pour seuls soldats,
Dès lors, son rêve est fantasmagorie
Sans fondement, délire de fada,…
Aussi pour que de lui on ne se rie,
Il harangue son peuple de soumis,
Ces ombres vaines et nulles au chifoumi,
Automates passifs, sans volonté, 
Sans résistance ni force à offrir.
« Par impérieuse nécessité,
Se suffire de peu et tout subir
C’est trop !… Assez !… Devenons agressifs !
Fi des dogmes et foin des poncifs !

Pourquoi ne se vouloir un peuple plus haut,
Ne pas aller plus vite ou ne voir plus loin
Et faire plus fort ? Soyons les héros
Du monde des mulots, maîtres au moins
Du lieu !… » Ce ne sont qu’ovations,
Promesse, auto-proclamation
Du rat, roi de ce monde. Et nul n’entend
Le chat qui piège cris et hourras
De la plèbe et de son patricien.
Le griffu dit, se délectant du rat :
« Le plus fort est celui qui n’oublie 
Pas sa faiblesse*, Sire l’Anobli ! »

* Proverbe suédois.

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