« Comment voulez-vous rester de marbre
Quand, pour tout hommage, les chiens
Vous pissent aux pieds comme païens,
Matin, sous la tonnelle des arbres ?
Quand les poivrots, qui ont dalle en pente
Et coude à l’horizontale, au soir,
Font gentiment don, en déversoir,
Du fruit de tripes peu déférentes ?
Quand mes fins cheveux sont un perchoir
Et mes épaules nues déféquoir ?
Où sont passées les mains baladeuses
Des esthètes d’antan, qui, souvent,
Alors qu’elles frissonnaient au vent,
S’attardaient sur mes si généreuses
Formes ?… Et que sont donc devenus
Les regards pleins d’envie rougissante
Que coulaient, sur mes rondeurs glissantes,
À la dérobée, puceaux venus
Exprès, filles fades et Prosper ?…
Ah non vraiment, le respect se perd !
Au lieu de ça, pleurs et déboires :
On m’a brisé quelques doigts, tantôt,
Gravé les deux fesses… et au couteau,
Tagué les seins qui font « des histoires »,…
Tout ça parce que « on » me sculpta
Et que me fit exposer un vieux riche :
Depuis, moi, je me gèle les miches
Ou me dessèche la peau. Gros tas !
Pourtant j’ai ma pudeur, moi, quoi merde !
Y’a des coups de pieds qui se perdent !
Pourquoi me donner - pardon ! - me faire
Un modelé sans aucun pareil
Si mes sens sont scellés de sommeil ?
La beauté du geste ?!… Belle affaire !
Voilà, je le dis : J’en ai assez !…
J’ai des crampes en tenue indécente
Et des fourmis, des vraies, par mes sentes !
Bon Dieu, si je pouvais me casser !…
Pourvu que l’on me prenne, me vole
Pour devenir légère et frivole… »
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