Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

samedi 21 janvier 2017

LOUP GRIS, LOUP PRIS

Petite fable affable d’après Le loup ermite d’A. de Blanche

Dans son piège, un loup se lamentait
Car la peur de l’avenir le hantait :
L’homme qui l’avait pris en chausse-trappe
Allait le faire pelisse, chaussons,
Trophée, collier de crocs, griffes-en-grappe,…
Son compte était bon. Il n’est de chanson
Qui célèbre, au bas monde, de la Chasse
La magnanimité comme une grâce !

Entendant venir l’être, le Gris geint,
Se plaint de n’être encor’ que sauvagin
Et bien que l’humaine vindicte
Lui veuille cent douleurs et mâle mort,
Il aurait aimé, son devoir le lui dicte,
Servir au saint berger de matamor,
Lui devenant chien docile et fidèle
Et se tenir coi comme un modèle.

À ouïr ça, le chasseur est surpris :
Il espérait fort tirer un bon prix
De cette peau-là mais le bénéfice
Serait plus gros, si la bête est dressée !…
Elle ferait à plus d’un bon office,
À vil coût. Le voilà intéressé.
Il rassure l’animal qui, là, tremble,
Le tirant du trou, des rets tout ensemble.

Aussitôt le fauve reprend du poil
De la bête et croque le Ratapoil
Qui n’a pas plus le temps de dire « flûte »
Que « crotte », hélas, expirant donc en paix.
Il aurait dû savoir que, dans toute lutte,
Qui est forcé n’a pas l’esprit épais,
Que le plus sot des loups tombé en fosse
Est prêt aux conversions les plus fausses !

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