À l’heure où, de tout mon corps j’étais, las, confiné
Sous un ciel qui grisait quand il ne pleurait,
Prisonnier d’écrans où peurs et mort affleuraient,
Mon coeur là-bas, en ce paradis, retournait…
Là-bas, à Bormes, où les pierres s’endorment
Sous le soleil de Midi en points scintillants,
Petits éclat d’or relevant le gris dessous les ormes,
Animant l’ocre de traits chauffés et brillants.
Mes pensées caressaient, sortant de mon triste cadre,
À fleur, la serpentine moirée qui encadre
Ces portes entrouvertes qui ont l’accent d’antan,
Que gardent des heurtoirs de bronze d’un autre temps.
Là-bas, dans ces moments-là, même l’ombre est sèche,
Au pied de façades aux couleurs d’Italie
Appuyées sur l’azur où aucun souffle ne crèche.
Par les venelles en lacis c’est hier qu’on lit,
Et dans ce dédale de ruelles montantes
Et tournantes, enlacées, on sort. Enfin on tente,
En se posant aux cuberts ici encombrés,
Et là, en paliers descendants, pénombrés.
Là-bas, résonnent de couleurs fleuries ces voûtes,
À l’heure où les volets repoussant la chaleur
Sont croisés, où tous les balcons sont à l’écoute
Du moindre courant d’air que solaire pâleur
Hypnotique, rend à l’esprit hypothétique.
Les fenêtres l’ont compris, baignées d’aromatiques
Essences embaumant jusqu’aux pierres nues,
Jusqu’aux cadrans solaires griffant l’air ténu.
Allant de figuier en mûrier, je paresse
De placette en fontaine, suivant d’un pas lent
La route de l’eau, celle qui, ici, loin de la presse,
Chante la vie facile et tant pleine d’allant,
Que rythment les jours de marché et les cigales
Quand la mer, là-bas, de vos étés martingale,
Vous fait tant vous amasser dans tous ces bruits
Que vous appelez « Vie » et qu’ici je fuis…
À l’heure où nos vies et le temps se déconfinent
Enfin, ces vers embourbés que je chantourne,
Moi, je chante ce là-bas où, joie séraphine,
Mimosa et jasmin veulent que je retourne…
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