Petite fable affable
Un aigle craignant la famine pour lui
Et les siens à cause de la concurrence
Des autres rapaces pour qui aussi luit
Le soleil, malgré ses rappels à déférence
Pour son trône, les rassemble un bel et bon jour
Espérant tous les remettre à leur rang et place
Ou, à défaut, leur jouer quelque sale tour.
Il faut que personne, en ces airs, ne le surclasse !
Répondirent donc à son invitation
L’épervier, le milan, le faucon, la buse,…
Non sans craindre un coup de Jacnac par cols ou cluses
Car ce roi est moins connu pour ses attentions
Que pour ses coups fourrés. Dès lors, être sa dupe
Devient fatal à qui est trop confiant
Ou à qui vit de rêves : on finit vite en drupe
Sous ses bec et serres. Restons donc méfiants !
En voyant tous ces oiseaux de malheur qui tournent
Dans leur ciel, les habitants des monts et vaux
Décident de les arquebuser avant qu’ils ne détournent
D’humaines repues bêtes de cours ou troupeaux.
Ce fut carnage chez les égorgeurs… Fort rapide
Au surcroît. Quand l’aigle, qui aime à se faire espérer
En réunion, arrive à ses intrépides
Rivaux, ils ne sont plus qu’entrailles aérées.
Ainsi fut préservé le règne de notre aigle,
Souverain des cimes, expert en vils traquenards
Qui, plus roué que ne l’est le rusé renard,
Sut appliquer une fois de plus l’antique règle
De ses pères : « Quand un quidam te veut baston
Débrouille-toi pour qu’un autre aille lui faire
Le triste sort qu’il mérite ; ainsi garde-t-on,
Et griffe propre et tête haute en toute affaire ! »
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