Cycle toulousain
D’après G. Vigneault, Les gens de mon pays
Les Vieux du Pays
Étaient gens de paroles,
Parlotte et causeries,
Qui parlaient pour s’entendre
Et parlaient pour parler.
J’allais les écouter,
Disputer, patoiser,
Vérités et mensonges
Sur la Vie, le « Bon Temps »,…
De « Boudu » en « Pardi » ;
Leur échappaient pourtant
Et leurs petits bonheurs,
Et leurs grandes misères,
Qu’ils taisaient à loisir
Car on parlait tout haut
Que d’ce qui met à l’aise,
D’ce dont, « à force », on sourit.
Là, j’entendais parler
Raisin foulé aux pieds,
Labours faits à l’oreille,
Jours de faim, jours de foin,…
Et de dates où, diserts,
Tout était à fêter
Avec « ceuss’ » du village.
Je ne répéterai
Ni les mots ni les rires
Fusant à tout allure,
À dire certains noms
Je vous ai écouté,
Vous tous qui n’êtes plus
Et moi qui suis si peu,
Mais votre écho honore,
Vous qui aimiez jaser
« Atal », entre deux portes,
Béret sur le côté,
Ou au pied des clôtures
Où tout notre oc chantait
En vos belles saisons.
Sécheresses d’été
Et printemps qui inondent,
Hivers réveillés
Et automnes au beau temps,
Faisaient parler de vents,
De pluies sans agrément,
De travaux à finir
De semailles en récoltes,
De légumes et de grains,
Et « des tant belles filles »
Jà « ménines » endurcies
Dont on ignore l’âge.
Ces voix venues des champs
De gens pas malheureux
Ces voix chantaient Marie
Au clocher du village
Entre deux « coups » de vin
Au grand café « d’en ville »
Où on moquait l’école
Qui mena au carnage
Des tranchées, Général,
Et décima le coin
Pour des gars à cigares
Qui n’seront pas victimes
Et n’savent que paraître,
Ignorant jusqu’à nos treilles.
De vous je « me » rappelle
« Pépis » qui « vous les peliez »
Comme disait mon grand-père
Qui bâtit ma Thélème.
Vous m’avez fait voyage
De votre sage folie
Et n’avais qu’un désir,
« Quelque rêve joli »,
C’est, qu’en ces bonnes terres,
Mes fils aussi entendent
Vos dires et vos non-dits,
Et y glanent des fruits
Comme je l’ai fait moi,
Et, sur ces entrefaites
Se fassent, dans vos pas,
Un chemin nostalgique,
Se donnent à rêver
Un avenir prospère,…
Mais ils ont embarqué
Pour gagner le grand large
Sur leur bac, ont frondé,
Eux, par vaux et montagnes,
Où on entend rouler
Les eaux comme la foudre,
Et l’accent pour conter
Et chanter à toute heure.
Je les entends « roner »
Comme moi, mal à l’aise,
Dans leur âge harassé
Et leur temps plein d’oracles,
Mais sans craindre demain,
En toute liberté…
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