Petite fable affable
Sous des ciels délavés par l’orage,
Dont le bleu lavé paraît un outrage
À l’été, auprès d’un ru cristallin
Et limpide murmurant sa charmeuse
Chanson, arrosant terres brumeuses
Et fumeuses forêts, dans l’opalin
Matin, oiseaux se disputent la gloire
Du chant le plus beau sur leurs brandilloires.
La respiration du vent, au ras
Du sol se fige alors que rais de Râ,
Jusque dans les trous d’ombre, s’enquièrent
Des besoins de chacun. Alors dans l’air
S’élèvent plaintes et complaintes, sons clairs,
Pour célébrer le jour, l’âme fière.
Seul l’ami rossignol manque à l’appel
Lui dont le chant provoque rappels.
Corneilles sont allées le quérir à l’aube
Sur ordre des corbeaux, oiseaux de robe :
Il fut décrété d’arrestation
Pour tapage. Et à répétition.
Ce héraut de l’Hérault, devenu chantre
Des haies vives et félibre de nos champs
Est aux arrêts à cause de Méchants.
« Qu’ai-je donc fait pour mériter cet antre
Plutôt qu’air libre, et leur haine, Dieu ?
Quel noir forfait ? Quel méfait odieux ?
- Vous n’avez que bien fait ! D’ordinaire
Cela suffit à courroucer lunaires
Et médiocres. Et s’ils ont du pouvoir…
Fit le chat-huant pour qui jour est nuit.
Votre malheur vient qu’en ce bas-monde
On n’est satisfait que quelques secondes
De ce qu’on a. L’Envie, voilà l’ennui ;
On veut mieux. Si d’aucuns le possèdent,
Jalousie pousse à des choses fort laides ! »
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