Petite fable affable
Les monts Atlas, dans leur placide écrin de neige,
Ce satin ivoirin, recèlent un précieux
Magot. Ce beau trésor est une perle beige
Et blanc… mais c’est un singe qui sous ces cieux
Est le bouffon attitré d’un roi fort féroce,
Lion rugissant, monarque brutal et rosse
N’aimant ni le rustres ni les audacieux.
Ayant, matin, dévoyé les chiens courants
Des coupeurs de route qui lui préfèrent
Une antilope qui s’est mise sur les rangs
Fort inopinément, notre amuseur rencontre
Quelques hyènes qui voulaient le recruter :
« Tu es, dit-on, comique à l’esprit affûté.
Notre bonne reine, ami, en sa Cour fait montre
D’amicale générosité envers ceux
Qui sont à ta semblance. On dit que ton bon roi
Grogne souvent à tes bons mots et que chanceux,
Il s’est souvent fâché de tes tours… à bon droit.
Notre souveraine mie ne mord ni ne griffe
Elle est persuadée, comme toi, que tous ceux
Que l’ire arme et désunit, fessu ou osseux,
Le rire désarme et réunit. - Pauvre chiffe
Que cette Dame de croire que seuls quelques vers
Heureux ou un souris dénoueront une affaire !
Dîtes-lui surtout que j’ai beaucoup à faire
Avec mon triste Sire, certes un jaloux pervers,
Mais droit et franc et dans les contrées si païennes
D’où il vient, chacun sait, même un trublion :
“Bien mieux vaut colère du lion
Que fallacieuse amitié des hyènes” ! »
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