Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

samedi 29 janvier 2022

NE SOYONS NI CHIENS NI CABOTS !

Petite fable affable d’après Le chien battu de
L.-J. Mancini-Mazarini (Fables, VI, 3, 1796)

Il suffit, de nos jours, de bosser pour comprendre
Que la multiplication des « petits chefs »
Ne vous facilite pas la vie, à tout prendre.
Ce ne sont que griefs, ce en quelque fief
Que vous officiiez : chacun veut que « ses » ordres,
Et eux seuls soient, illico presto, obéis
Quitte à créer, parfois, le plus grand des désordres…
Dont vous serez, vous, bien sûr, le seul puni.
C’est ce que dit cette histoire de mon pays.

Pour garder sa maison, quelque bon fermier
Prit un fort gros chien quand, pour l’agrémenter,
Sa femme prit un amant dans le voisinage.

Médor était bon argousin malgré son âge.
Or, le rustre partit, un matin, au marché
Pour vendre, à bon prix, ses légumes et sa volaille.

Le galant alla rejoindre, sans cervelle s’écorcher,
Celle que le manant laissait nettoyer pagaille.
Fière et bonne sentinelle, l’aboyeur
Lui demanda, des crocs, d’aller voir ailleurs,
Le forçant, sans ménagement, au grand dam de la dame, 
D’enfiler la venelle de peur de finir en amalgame.
La femme bastonna et rossa, avec humeur,
Ce serviteur qui la frustrait… et non sans clameur !

Le chien se le tint pour dit : leçon apprise
Jamais ne s’oublie si elle est bien comprise !

Au soir, quand le sommeil gagna la maisonnée,
Entra un malandrin qui put arraisonner
Tout ce qu’il voulut : dormant sur ses deux oreilles,
Le chien n’a rien vu, ronflant sous la treille,
Endolori encor’, sachant qu'on attendait
De lui la quiétude, non le tapage.

Mais quand il voit le pillage, le lendemain,
Son maître furieux, la badine à la main,
Lui apprend rudiments du gardiennage ;
Le tançant d’importance pour avoir fauté,
Il le prive aussi de ripaille et puis chasse
L’incompétent sur requête de la bouchasse.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire