Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

lundi 17 janvier 2022

IL EST DES REPOS SACRÉS

Petite fable affable d’après  L.-J. Mancini-Mazarini
L’écureuil & l’éléphant (Fables, V, 13, 1796)

Entre insectes point d’embrassements à avoir,
Ni d’empressement, à vrai dire, à se voir
Comme le montrera cette petite histoire
Qui, sur ce point, édifiera tout auditoire.

Sans remuer pied ni patte la grand’reine
Des abeilles, ce beau jour-là, prenait la peine
De se reposer de son devoir harassant,
De délaisser, un temps, un pouvoir si lassant,
Le soleil du levant offrant quelques promesses
D'une journée fort chaude et pleine d'allégresse.
La chose est rarissime et guère bien vue
Chez des êtres actifs pour qui paresse est bévue.

Un diptère vient à lui faire reproche
De ce repos pris quand triment les parents proches
De Sa Majesté dans la ruche ou au pré ;
Quel exemple !… L’Auguste ne veut s'empourprer
De l’affront de cette paire d’ailes qui s’agite
Comme elle parle, en vain, et, las, fort peu cogite.

Mais l’esche insiste, bruissant et brassant un air
Qu’elle finit par lui pomper, pour parler clair :
Celle qui par trop froufroute et toujours s’affaire
Sans fin ni but, vraiment, commence à lui plaire !

La Souveraine prend lors la mouche - s’en saisit,
Je veux dire ! - et la menace d’anesthésie,
Le dard au clair et, là, d’un ton césarien,
Par ces simples mots la renvoie à ses affaires :
« Il vaut mieux transpirer à ne rien faire
Que d’se faire suer pour n’en faire rien ! »

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