Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mardi 31 mai 2016

LA CIGOGNE SANS VERGOGNE

Petite fable affable

Une beauté des airs, l’air flétri,
En sa belle livrée de livreuse
De bébés dodus, maugrée, pétrie
D’idées sombres la rendant songeuse.
Elle se lamente sur ses charmes
Perdus : « Ma vie n’a été que deuils
À la suite… Que dols et larmes !
Tout ça pour finir dans un cercueil ! »
Son incontinence lacrymale
Faisait piaffer tous les moineaux
Qu'elle douchait, onde baptismale,
Si hélas ils montaient au créneau.

Et dans leur basse-cour, les cocottes
S’en courrouçaient et souvent bouillaient
De colère à ouïr la chochotte
Avant qu’on ne les envoie, mouillées,
Le faire au pot : « Chaque âge amène
Fit l’une d’elles, à chacun, ses joies
Et, bien sûr, tout son lot de peines !…
Se lamenter, pauvre rabat-joie,
N’y fait rien, guère plus n'y change !…
Fais dons la part des choses !… Monté
Sur tes échasses, on devrait voir les anges
Et les choses de haut, la beauté
Que ne verra jamais une poule
Qui reste le bac au sol, d’envol
Privée, contrainte de vivre en foule.
Non, crois-moi, l’amie, tu as du bol !

- Si fait tu devrais fort avoir honte !
Reprend le véreux corbeau verbeux
Qui niche près du lieu de ponte
Pour gober, au matin, sa part d’œufs.
Rien, Long Bec, ne change en ce monde,
Ni en plus ni en moins. Ton regard
Lassé, tes yeux usés confondent
Ce que tu crois pour toi sans égard
Et ce qui est. Les choses, elles, restent
Comme elles ont, ma foi, toujours été
Et seront mais, quoique hélas l’on peste,
On ne les voit pas pareils, butés ! »

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