Petite fable affable
À l’heure où le froid nuit à nombre d’insectes,
Tombant tout comme des mouches, les pauvrets !,
Deux diptères sont attirés par l’infecte
Odeur d’un chai où la vendange, en livrée
De moût, décante. C’est la mouche du coche
Et une mouche à miel aux yeux tout croches.
Si l’une est laide à voir, l’autre a l’âme moche.
Le silence lourd de cet obscur caveau
Est si profond que l’on pourrait les entendre
Voler. Mais les senteurs âcres du cuveau
Leur font battre de l’aile, ivres à presque rendre
Leurs esprits. Donc, elles se posent enfin.
Est si profond que l’on pourrait les entendre
Voler. Mais les senteurs âcres du cuveau
Leur font battre de l’aile, ivres à presque rendre
Leurs esprits. Donc, elles se posent enfin.
Et comme nos si fines mouches ont grand faim
Elles tâtent à toute rafle et à tout grain.
Mouche du coche se veut « aristocrate »,
Comme ces dames qui ne se mouchant pas
Du pied gauche, ces trop belles ingrates,
Le font donc du droit, convenance ou pas.
Qui de ses sœurs l’a piquée ?… Ça, je l’ignore !
Mais le vin qui tourne la tête, elle a-do-re,
En réclame en bruissant encore et en-co-re !
L’autre a vite pris la mouche à ses façons
Et veut la moucher avec force mots aigres
Qui font mouche à tout coup, servent de leçon,…
On n’attrape pas les mouches avec du vinaigre
Alors à boire ensemble elle la convie.
La première accepte tout, d’envie
Pour ce rouge qui fait voir rose la vie !
Or cette imbuvable est sotte autant qu’immonde
Et notre mouche à miel veut s’en moquer :
« Pour toi, qu’est-ce qu’il y a de pire au monde ?
L’ignorance qui rend les bêtes toquées
Ou l’indifférence qui les rend si lâches ?
- Je n’en sais rien et, sans paraître vache,
Je m’en fiche pourvu que je mange et mâche ! »
Que l’on soit mouche ivre ou cousin du maki,
Si rien ne sert de donner à boire
À un âne qui n’a pas soif, illusoire
Aussi, l’idée d’ouvrir les yeux à qui
Ne veut voir, en tout, que soi et ses acquis !
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