Petite fable affable
Un vieux lion passe pour sourd
Même placé auprès d’un tambour.
Et dans tout son royaume,
Si l'on excepte l'Homme,
Qu’il soleille ou pleuve, nuit et jour,
Qu’on soit de la savane ou du bourg,
On vient à son trône
Mais nul, là, ne l’étronne
Car il est bon à qui lui fait Cour.
Voilà pourquoi, de loin, on accourt !
Avec lui, point de cours ou de discours.
Seulement à paraître on concourt
Et, à tout, il acquiesce
Fier comme une altesse,
À qui lui demande du débours
Pour un imaginaire secours,
Ou joue le magnanime
Pour tout humble anonyme
Souhaitant, sur un point, son recours
Ou pour le grand félin, qui un jour,
Est en état de manque
De bouffe ou, pis, de banque.
Seul le singe le prend à rebours
Et quémandeurs ou féaux de court.
Il l'imite et il moque,
Le prétendant cinoque,
Critique ses faiblesse et labour,
Souille son nom et, pire, ose un jour
Bousculer ce bon Maître…
Le roi vient lui mettre
La patte au cou et lui dit : « Tu cours
Vite, insigne et vil topinambour ?
Il a la voix royale
Et l'humeur déloyale !
Oui, je me suis lassé de tes tours !
Apprends, Petit, qu’il n’est pire sourd
Qui ne veut pas entendre
Ou veut piège tendre…
J’ouïs fort bien et joue au gourd
Et sais ainsi, ici et autour,
Ce qu’il me faudra faire
Et à qui j’ai affaire,…
La ruse vaut serre de vautour
Quand il faut débusquer des balourds ! »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire