Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

samedi 7 septembre 2019

LA CINQUIÈME ROUE DU CARROSSE

Petite fable affable

Misère étant la seule fée à s’être penchée
Sur son berceau, une roue remisée pleurnichait :
« Loin de l’essieu, loin de mes sœurs, je suis si triste.
J’ai pourtant le moyeu de faire bien mieux
Qu’être la cinquième roue du carrosse vieux
De mon maître, le très noble seigneur Evariste.
Je suis du bois dont on faisait les meilleures roues
Et suis aussi ferrée que les quatre titulaires,
Supportant fange et poussière, bosses et trous
Aussi bien qu’elles. Lors pourquoi cette galère
Qui me vaut leur mépris et celui du cocher ?

- Cesse de te plaindre ! fit le brancard déharnaché.
Tu es la mieux lotie de notre écurie. Certes
L’ornière ne te secoue pas et la boue, si souillon,
Ne fait qu’éclabousser un tantinet tes rayons.

Et alors ? Tu vis sans souffrir !… Mieux, quoiqu’inerte
Et inutile on prend un grand soin de toi 
Car on sait que toi seule, au premier vrai problème,
Pourras secourir tous ceux qu’ici-bas tu côtoies.
Quant à ces maux qui te font geindre et te rendent blême :
N’envie jamais, à ses bruits, la vie d’autrui
Avant de l’avoir vécue et d’en savoir les fruits ! »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire