Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

jeudi 19 septembre 2019

PROPOS DÉGRISÉS… ET TOUT À TRAC !

Édito’ du mois de mars pour RuedesFables

          En frac et chapeau claque, moins grisé que grisonnant, au milieu des grimauds rabougris à grimaces et des gribouilles griffus que le gris lasse, modeste continuateur et humble disciple du chantre de Château-Thierry, je métaphore moins qu’un sémaphore et parabole plus qu’une chaîne satellite. RuedesFables en est la preuve. Depuis que j’y serre et m’y arrête, je m'y sens grièvement gris malgré le diktat du tic-tac, fabulant et déambulant aux côtés de plus doués que moi ; nous montrons là, jamais las, combien notre maître, avec ses 244 apologues au conteur fut grand. Certes seulement 17 ou 18 sont de son crû, pas forcément les plus heureuses. Les autres sont empruntées à Ésope qui, lui, soyons honnêtes a puisé dans le fonds culturel de son temps ou à Phèdre, le Thrace qui en laissa de belles et pas qu’en répétant son prédécesseur, permettant de faire du spectacle des animaux autant de leçons de choses où la bête élève l’Homme qui croit la dresser voire la domestiquer. Jean de La Fontaine, moins spécieux que spécial, a égayé leurs narrations en mettant de la poésie, et quelle poésie, dans un genre qui en manquait cruellement, joignant ainsi l’agréable à l’utile, afin de semer des vertus dans les sillons de lignes inégales et inégalées : le bon grain de valeurs qui, au soleil de la Raison rayonnante vont lever pour donner du grain à moudre à qui est en quête de ces vérités qui ne sont pas toujours bonnes à dire mais restent universelles. Comme quoi le commerce des bêtes vaut bien celui des Hommes…
     Moi qui m’aigris quand je maigris, dans ce monde de villes si peu urbaines dans leur décor de grisaille, j’essaye ainsi de m’égayer des cricris des grillons égaillés ou du vol de guingois d’un griset chabraque. Même l’alouette qui se désole et, du tic au tac, grisolle sans grief sous ces ciels grisouteux dont les rêts sont des lacs et les arrêts des claques m’inspirent. Même si tout a pris, partout et touches, une teinte gris fer, à l’image du grillage de ces cages d’un gris-acier grimacier qui enferment nos jardins vert-de-gris où la pie grièche a chassé la grive qui raque sur le criquet patraque, la fable est une fenêtre ouverte sur un ciel toujours bleu. Elle parle des fins de mois ric-rac de ceux qui ont l’âme d’un mistigri comme elle évoque celles qui ont l’esprit des grisettes égrillardes qui se heurtent aux hauts cris des nervis énervés du conservatisme et de leurs éminences grises qui traquent et matraquent. Ces griffons griffus restent agrippés à leurs critères criminels, dans le gris ardoise - ou fumée - des tours de béton graffitées au graphite qui grignotent ces banlieues qui ont faim de toits et d’émois. Refusant micmacs et tactiques, nos bluettes se refusent à faire passer derrière des grilles des petits-gris proscrits voire au gril les griots à gris-gris et grimoires comme le voudraient ces temps qui courent moins qu’ils ne claudiquent. Face à leur injustice permanente et pestilente, la fable, impossible à classer dans un genre car elle un genre à part entière, critique à la criée jusqu’à la justice immanente rarement imminente…
     Au fil de vers faits pour attraper les gros poissons dont on fait le soupes comme ce menu fretin qui finira en friture, loin du cric-crac des fric-fracs et du crin-crin quotidien, ces récits métaphoriques, relais et rebelles, permettent ne plus voir le gris-poussière des grippe-sous et des griveleurs, des grigous joueurs de trictrac et des escogriffes accro’ au grisbi. Mais, jamais à court d’un trac ni d’un tract, elle fustige aussi les gobeurs de griottes et les faces à grimaces, griffonnées de maquillage. Tant pis si d’aucuns font, à les lire, grise mine du matin au soir alors que leurs gitons et leurs gigolos sont noirs du soir au matin. Oui, dans cette Rue on est loin des sites où, dans des nuits de bric-à-brac qui voient s’envoler les briques, tous les chats sont grivois car les souris, gribouillées de grimage, restent pattes de velours et fringues dégriffées sous le feu grigne de leurs yeux gris-bleu. Ces petits cœurs qui sabordent ce qui déborde comme ces petites sœurs qui ont amplifié une nature atrophiée seront, au bout de la nuit, à court de griffes et la crinière en crise, moins grisées que grises, réduites au string minimum pour un aller simple, en vrille et en vrac, au bout de l’ennui dans un clic-clac foutraque… si rien ne se détraque.
  À l’horizon des Grisons, nom d’un grizzli, hors mes barriques et ma baraque, je n’aime que ces bluettes rimées qui font mon bonheur même la tête sous la pluie - flic-flac - et les pieds dans les flaques nées des ciels gris-perle. Pour mes petites cellules grises, bon gré mal gré, elles sont mon crack en ce monde de krach et de couacs, soient-elles fruits d’un crayon gris !… En grâce à elles, il en faudra plus pour que je craque, ventre Saint-Gris ! 
     Fassent les cieux qu’il en soit de même pour vous alors fabuleusement vôtre…

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