Petite fable affable
Une souris, vive, affairée, au pas de charge
Parcourt le grenier encombré de long de large.
Elle bouscule un gros loir qui, négligemment,
Entre deux nuits, fait un somme,
De ronflements peu économe.
L’empressée enrage à le voir. Abondamment.
« Affalé parmi ces rhizomes,
Que fais-tu de ta vie ? Il te faut t'occuper ! »
Ouvrant un oeil et l’air bonhomme,
L’autre fait : « Je suis, las, à l’hiver de mes ans,
Alors je ronfle et je somnole en attendant…
- Et en attendant quoi ? » L’agitée s’interroge.
- En attendant de roupiller, de sommeiller,…
Si courte est la vie, vous devriez y pioncer ,
Au lieu de tant me fatiguer à me réveiller
En vous épuisant à si vitement foncer !
- L’âge est un naufrage qui fait que l’on déroge !
Fait doctement le rongeur. Mais tant lambiner
N’est point d’usage chez nous les petites bêtes :
Se négliger, lanterner, c’est à la tapette
De l’homme ou la griffe du chat se donner.
- Je n’y songe, Petite ni n’en rêve… J’ai l’âge
Où se coucher c’est temps gagné et non perdu !
Corps inerte, esprit assoupi, on est plus sage
Face au chat, qu’à faire du vent et un tapage
Qui l’attirent comme bonne odeur au réchaud.
- Que faisiez-vous, l’Ancien, aux temps chauds ?
- Oh, je n’étais jamais en reste :
Entre deux nuitées, la sieste !… »
Ne changeons pas une manière de vie
Qui, de nos prédateurs, n’excite pas l’envie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire